Les chefs de la rébellion en Syrie ont annoncé samedi avoir unifié leurs rangs au sein d'un Conseil militaire, au moment où la révolte populaire devient de plus en plus militarisée avec l'intensification des combats entre déserteurs et soldats.

Joint par téléphone par l'AFP en Turquie, le colonel Riad Assaad, chef de l'Armée syrienne libre (ASL), composée de militaires dissidents, a précisé que ses forces et celles du général Moustapha Al-Cheikh, l'officier dissident parmi les plus haut gradés, seraient regroupées au sein de ce Conseil.

«C'est un pas pour garantir l'unité des troupes et des forces armées (de l'opposition) sur le sol syrien», a dit le colonel Assaad, en appelant tous les militaires dissidents à se placer sous le commandement de ce Conseil.

«Nous déclinons toute responsabilité quant (aux actes) de toute organisation extérieure», a-t-il ajouté, alors que les divisions de l'opposition suscitent l'inquiétude de la communauté internationale qui reste réticente à lui fournir un réel soutien diplomatique voire à lui livrer des armes.

«Aujourd'hui, un pacte a été scellé en Turquie (...) Il annonce officiellement que le Haut Conseil militaire (du général Cheikh) fusionne avec l'ALS, sous la direction générale de Riad Assaad», a annoncé l'ASL dans un communiqué. «Le général Moustapha Al-Cheikh présidera le Conseil militaire».

«Le colonel Assaad contrôle la direction opérationnelle: il contrôle les bataillons et tous les conseils militaires des villes devraient se placer sous son autorité», a de son côté précisé à l'AFP le lieutenant Khaled Ali, membre du bureau du général Cheikh.

«Le général Cheikh et 10 autres généraux décident des armements et des fonds», a-t-il ajouté.

En Syrie, où la contestation populaire lancée le 15 mars 2011 n'est pas parvenue à renverser le régime du président Bachar al-Assad, l'opposition s'est militarisée, un tournant qui nécessite d'autant plus une direction unifiée, selon des experts.

Interrogé sur le Bureau militaire créé fin février par le Conseil national syrien (CNS), la principale coalition de l'opposition politique, le lieutenant Ali a a assuré que «le colonel Assaad et le général Cheikh travaillent avec Burhan Ghalioun», le chef du CNS.

«Mais le Bureau militaire du CNS n'est pas encore prêt. Nous travaillons à en faire un bureau de liaison entre l'ASL et le CNS», a-t-il poursuivi.

En février, le général Al-Cheikh avait créé une structure concurrente à l'ASL, le «Conseil militaire révolutionnaire supérieur pour la libération de la Syrie», qui avait été rejoint par une dizaine de généraux dissidents en Turquie.

Les annonces de la rébellion interviennent avant une réunion prévue lundi et mardi à Istanbul entre les courants politiques de l'opposition politique qui tente d'unir ses rangs après avoir montré de profondes divergences.

Mohammed al-Sarmini, membre du CNS a annoncé avoir invité l'ensemble des composantes et personnalités de l'opposition à se rendre à Istanbul, dont Haitham al-Maleh, Kamal al-Labwani et la militante Catherine al-Telli qui avaient démissionné du CNS.

Dans un communiqué, le CNS a affirmé que la réunion devrait formuler  des «objectifs communs pour mettre fin à la dictature du régime», en vue de la réunion le 1er avril à Istanbul de la deuxième conférence des «Amis de la Syrie».