La répression de manifestations vendredi et samedi en Syrie a fait au moins 120 morts, selon un nouveau bilan annoncé par une organisation syrienne de défense des droits de l'Homme. Les dernières violences ont conduit deux députés à présenter leur démission, chose extrêmement rare dans le pays.

Selon Ammar Qourabi, président de l'Organisation nationale pour les droits de l'Homme, 112 personnes ont été tuées vendredi et au moins huit samedi. Ce bilan fait de vendredi la journée de loin la plus sanglante depuis le début du mouvement de contestation contre le pouvoir de Damas à la mi-mars. Plus de 300 personnes ont trouvé la mort en cinq semaines, selon des militants démocrates et des ONG.

Les forces de sécurité ont ouvert le feu à balles réelles et fait usage de gaz lacrymogène vendredi pour disperser des dizaines de milliers de personnes manifestant contre le régime du président Bachar el-Assad, notamment à Homs (centre) et à Izraa (sud), selon des témoins. Elles ont à nouveau tiré samedi alors que des milliers de personnes étaient rassemblées notamment à Douma, dans la banlieue de Damas, et à Izraa pour les funérailles des protestataires tués la veille.

Démission de deux députés

Ces informations ne pouvaient être confirmées de source indépendante, la Syrie ayant expulsé les journalistes étrangers et restreint l'accès aux sites des manifestations.

Les dernières violences ont conduit deux députés à annoncer leur démission. Nasser Hariri et Khalil Rifaï sont tous deux originaires de Deraa, cette ville du sud du pays d'où est parti le mouvement de contestation. «Si je ne peux pas protéger la poitrine de mon peuple de ces tirs de traîtres, alors rien ne justifie que je reste au Conseil du peuple. Je donne ma démission», a déclaré M. Hariri dans un entretien à la chaîne Al-Jazira.

Les démissions d'hommes politiques sont extrêmement rares en Syrie, régime autocratique où la grande majorité des opposants sont soit en prison, soit en exil.

À Paris, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a dénoncé samedi une «répression aveugle et brutale» qui «contredit la levée de l'état d'urgence», annoncée dans la semaine par le gouvernement syrien. «La France condamne les violences extrêmes exercées par les forces de sécurité syriennes», a déclaré le chef de la diplomatie française dans un communiqué. «Les responsables et les auteurs de ces crimes devront répondre de leurs actes».

Vendredi soir, le président américain Barack Obama avait estimé que l'usage «scandaleux» de la force contre les manifestants devait «cesser maintenant».

Le régime syrien a levé cette semaine l'état d'urgence, en vigueur dans le pays depuis 1963, une des principales demandes des manifestants. Le fils de Hafez el-Assad avait en revanche prévenu qu'une fois cette mesure prise, il n'y aurait plus d'«excuse» pour les manifestants et que tout mouvement de contestation serait considéré comme du «sabotage» de l'État.