Quatre manifestants yéménites ont été tués par des tirs de la police dimanche dans la ville de Taëz, au sud de Sanaa, tandis que des combattants présumés d'Al-Qaïda continuaient de contrôler une ville du sud, Zinjibar, où cinq civils ont péri.

Entre-temps, l'opposition au président Ali Abdallah Saleh a affirmé que les trois humanitaires français disparus samedi dans le Sud-Est avaient été enlevés et a appelé à leur libération, tout comme un collectif d'avocats.

«Trois manifestants ont été tués par les tirs de la police et des dizaines d'autres blessés, dont certains grièvement», a indiqué une source hospitalière à Taëz, un foyer de la contestation contre M. Saleh, au pouvoir depuis 33 ans.

Un autre manifestant a été tué sur la place Tahrir, proche, selon une autre source hospitalière.

D'après le comité local des «Jeunes de la révolution», quelque 3000 manifestants se sont rassemblés devant un poste de police de la ville pour demander la libération d'un manifestant arrêté par les forces de l'ordre.

Les policiers ont tenté de disperser la foule en tirant en l'air, mais devant l'insistance des manifestants qui ont refusé de quitter les lieux, ils ont tiré dans leur direction.

À Zinjibar, cinq civils ont par ailleurs été tués dimanche lors de combats entre l'armée et des combattants présumés d'Al-Qaïda qui ont pris le contrôle de cette ville du sud du pays, ont indiqué des sources hospitalières.

Les combats opposent les hommes armés aux soldats d'une brigade mécanisée encerclée dans la ville, selon des témoins.

«Cinq civils ont été tués et au moins 15 blessés dans les violents combats», a indiqué une source hospitalière à l'AFP, en faisant également état de 18 soldats blessés dans les affrontements.

Selon un responsable local, des éléments armés qui seraient liés à Al-Qaïda ont pris le contrôle de Zinjibar, capitale de la province d'Abyane, à l'issue de combats ayant fait 18 morts vendredi et samedi.

Dans ce contexte, des généraux dissidents ont accusé M. Saleh d'avoir livré Abyane aux «groupes terroristes armés» et appelé l'armée à les combattre.

L'opposition a estimé que le président yéménite avait «livré la ville à des groupes armés» afin «d'agiter l'épouvantail d'Al-Qaïda» et de pouvoir continuer à jouir d'un soutien international.

Au sujet des trois humanitaires français considérés jusqu'à présent comme «disparus» par les autorités yéménites et l'ONG pour laquelle ils travaillent, l'opposition a affirmé qu'il s'agissait d'un «enlèvement».

Les partis de l'opposition ont souligné que l'incident était intervenu après «les positions de la France soutenant les demandes du peuple yéménite et sa révolution pacifique», en référence à la condamnation le 12 mai par Paris de «l'usage excessif de la force contre les manifestants».

Ils ont exhorté les services de sécurité à agir et à «dévoiler les véritables commanditaires de cet enlèvement».

Un collectif de cinq avocats yéménites a annoncé de son côté son intention d'entamer lundi des contacts pour «déterminer le sort» de ces Français, travaillant pour l'ONG Triangle Génération Humanitaire.

Les trois Français, qualifiés d'«humanitaires expérimentés» et qui travaillent avec «une équipe de 17 Yéménites» à Seyoun, n'ont plus de nouvelles depuis samedi.

À Sanaa, la tension restait par ailleurs vive en dépit de la consolidation d'une trêve entre les forces de l'ordre et les hommes armés du puissant chef tribal des Hached, cheikh Sadek al-Ahmar, qui se sont affrontés au début de la semaine.

Des combattants de cheikh Ahmar ont commencé à évacuer, en vertu d'un accord, des bâtiments publics dont ils avaient pris le contrôle en début de semaine dans des combats qui ont fait au moins 68 morts.