Les autorités philippines ont saisi mardi des tableaux de maître au domicile de l'ancienne première dame Imelda Marcos après avoir reçu le feu vert de la justice pour confisquer ces oeuvres signées Picasso, Gauguin ou Miro.

Un tribunal spécial a ordonné lundi la saisie de huit tableaux en possession de l'épouse de l'ancien dictateur Ferdinand Marcos. Ces oeuvres ont été acquises grâce à des détournements de fonds publics et reviennent à l'État philippin, a-t-il estimé.

Le domicile des Marcos, dans le district de San Juan à Manille, a été perquisitionné et des tableaux ont été confisqués, a déclaré à l'AFP Nick Suarez, porte-parole de l'agence chargée aux Philippines de recouvrer les richesses des Marcos.

«Des tableaux ont été saisis, mais nous devons encore déterminer lesquels et leur nombre», a-t-il ajouté.

L'ordonnance du tribunal autorisait les enquêteurs à perquisitionner d'autres propriétés et bureaux appartenant à Imelda Marcos, qui à 85 ans, est membre de la Chambre des représentants.

Parmi les oeuvres visées figurent la «Femme couchée VI» de Pablo Picasso, une nature morte de Paul Gauguin, un portrait de la Marquise de Santa Cruz signé Francisco de Goya, la «Baignade au grand temps» de Pierre Bonnard, «l'Aube» de Joan Miro et une oeuvre de la série des Jardins de Kew de Camille Pissarro.

L'avocat d'Imelda Marcos, Robert Sison, a déclaré que sa cliente ferait appel du jugement.

Ferdinand Marcos avait été renversé par la rue en 1986 après vingt ans de dictature marqués par une corruption à grande échelle et le culte de la personnalité.

Les dépenses extravagantes d'Imelda et sa célèbre collection de chaussures (des milliers de paires) symbolisaient les excès et les turpitudes du couple dirigeant, soupçonné d'avoir détourné 10 milliards de dollars dans un des pays les plus pauvres d'Asie.

Au total, les autorités recherchent 150 tableaux que le couple aurait amassés durant son règne, dont des Van Gogh, Rembrandt, Michel Ange et Monet, selon l'agence de recouvrement des biens mal acquis du couple.

Les Marcos s'étaient réfugiés à Hawaï (États-Unis), où Ferdinand est mort en 1989.

Imelda a été autorisée à rentrer aux Philippines où elle a fait un retour en politique. Elle a été élue en mai 2010 députée au Parlement philippin, puis réélue en mai 2013.