Le chef de l'État nord-coréen Kim Jong-Il est apparemment parti jeudi pour une visite en Chine, accompagné de son fils et probable successeur Jong-Un au moment où l'ancien président américain Jimmy Carter est à Pyongyang pour tenter d'obtenir la libération d'un Américain.

Un train spécial censé transporter Kim Jong-Il et son entourage a passé la frontière jeudi matin, évitant une zone touchée par les récentes inondations, selon un responsable sud-coréen.

«Le train spécial a traversé (la ville nord-coréenne) de Manpo, dans la province de Chagang, et a pris la direction de la ville chinoise de Ji'an», a déclaré ce responsable sous le couvert de l'anonymat.

Des résidents des villes chinoise de Jilin et Ji'an ont fait état de la présence d'une importante délégation nord-coréenne conduite apparemment par Kim Jong-Il.

Si cette visite est confirmée, il s'agit du deuxième voyage en Chine cette année du dirigeant nord-coréen.

«Des indices montrent que le président Kim est parti pour la Chine jeudi matin», a indiqué l'agence sud-coréenne Yonhap citant une source officielle non identifiée.

Selon Yonhap, Kim pourrait être accompagné de son fils cadet Kim Jong-Un, considéré par nombre d'analystes comme son probable successeur.

Pékin est resté silencieux jeudi sur cette possible visite du dirigeant nord-coréen. La Chine et la Corée du Nord ont pour habitude de ne confirmer les déplacements du dirigeant nord-coréen qu'une fois qu'il a quitté le sol chinois.

En mai, le président Kim avait effectué un voyage de cinq jours en Chine au cours duquel il avait rencontré son homologue Hu Jintao.

Cette nouvelle visite intervient alors que les spéculations s'accélèrent sur la succession de Kim Jong-Il et que Pékin tente de ramener Pyongyang à la table des négociations sur le programme nucléaire nord-coréen.

Âgé de 68 ans, Kim Jong-Il a été victime d'une attaque cérébrale en août 2008. Au pouvoir depuis 1994, il n'a jamais désigné officiellement de successeur, mais sa préférence irait, selon nombre d'analystes, à son troisième fils, Jong-Un.

Selon eux, Kim Jong-Un pourrait être désigné comme successeur à l'occasion d'une réunion des délégués du parti communiste en septembre, la troisième de ce type depuis la création de l'État communiste en 1948.

Selon des analystes, Kim Jong-Il pourrait être en Chine pour obtenir non seulement la bénédiction des dirigeants chinois sur le nom de son successeur mais également pour s'assurer une aide économique vitale pour le pays.

«Il se peut que Kim ait décidé d'aborder la question de sa succession directement avec les dirigeants chinois, alors que la problème de la dénucléarisation de la Corée du Nord se pose encore», a estimé Yang Moo-Jin, spécialiste de la Corée du Nord à l'Université de Séoul.

La question de la succession du leader nord-coréen fait l'objet d'une attention d'autant plus soutenue que le pays a suspendu depuis 2009 les pourparlers sur son programme nucléaire. Ces discussions entre six pays, hébergées par Pékin, achoppaient sur les modalités de vérification.

Un émissaire chinois, Wu Dawei, est arrivé jeudi à Séoul après une visite à Pyongyang dans le cadre des efforts de Pékin visant à convaincre le Nord de reprendre les négociations à six. La tension est grande dans la péninsule coréenne depuis le torpillage d'un navire de guerre sud-coréen attribué à la Corée du Nord.

Selon un diplomate sud-coréen cité par Yonhap, M. Wu a assuré que le Nord était prêt à des discussions préliminaires.

Le départ du dirigeant nord-coréen coïncide par ailleurs avec la visite de l'ancien président américain Jimmy Carter, arrivé mercredi à Pyongyang pour tenter d'obtenir la libération d'un Américain purgeant une peine de huit ans de prison en Corée du Nord.

Selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA, M. Carter, âgé de 86 ans, a eu un entretien «cordial» mercredi avec le numéro deux nord-coréen Kim Yong-Nam.