(Taipei) Le peuple taïwanais « résistera » aux tentatives de la Chine pour influencer les élections présidentielle et législatives prévues le 13 janvier sur l’île, a déclaré mercredi à l’AFP le candidat et favori à la présidentielle Lai Ching-te, à dix jours de ce vote crucial.

La Chine, qui considère Taïwan comme partie intégrante de son territoire, rejette la position du Parti démocrate progressiste (DPP) de M. Lai et de la présidente sortante, Tsai Ing-wen, qui affirme que Taïwan est un État indépendant et souverain.

Qualifié de « fauteur de trouble » et de « séparatiste » par Pékin, M. Lai, favori de l’élection présidentielle, affrontera deux autres candidats favorables à des liens plus étroits avec la Chine.

« Le camp démocrate est très inquiet » des possibles ingérences chinoises dans les élections, a déclaré l’actuel vice-président, après une rencontre avec ses partisans à Taipei.

Mais le candidat de 64 ans a affirmé avoir « confiance dans le peuple, car Taïwan est sortie de l’âge des ténèbres de l’autoritarisme », référence à la période de dictature à parti unique jusque dans les années 1980, « pour parvenir où elle en est aujourd’hui ».

« Tout le monde aime la démocratie taïwanaise. Je suis sûr que le peuple résistera à l’utilisation par la Chine de plusieurs forces pour essayer d’influencer cette élection », a-t-il ajouté.

Les élections du 13 janvier seront particulièrement scrutées par la Chine et les États-Unis en raison de leur importance pour l’avenir des relations avec Pékin.

Hou Yu-ih, le candidat du parti Kuomintang (KMT), l’ancien parti unique, a reproché à Lai Ching-te ses positions pro-indépendance lors d’un débat télévisé la semaine dernière, lui faisant porter la responsabilité du « grand danger de l’autre côté du détroit » de Taïwan.

Les autorités taïwanaises ont alerté à de nombreuses reprises au sujet des ingérences chinoises dans le processus électoral, lançant notamment une enquête sur des voyages en Chine offerts à des électeurs taïwanais.

Plusieurs ballons chinois ont aussi pour la première fois été détectés au-dessus de l’île en décembre, un outil de « guerre psychologique » pour encourager les votes pro-Pékin, selon un expert militaire.

Ces dernières années, la Chine a intensifié sa pression militaire et politique sur Taïwan, envoyant un nombre sans précédent d’avions de combat et de navires de guerre autour de l’île.  

Lai Ching-te s’est ensuite rendu dans la ville de Keelung (nord), où il a exhorté les électeurs à ne pas « soutenir les candidats choisis par la Chine ».

« J’espère que la communauté internationale pourra continuer à soutenir Taïwan », a-t-il aussi déclaré.