(Kanazawa) Les puissants et nombreux séismes qui ont frappé lundi le centre du Japon ont fait au moins 30 morts, selon un nouveau bilan émis mardi matin, ainsi que d’importants dégâts matériels, tandis qu’un tsunami arrivé dans la foulée est resté de faible ampleur.

Ce qu’il faut savoir

  • Un séisme de magnitude 7,5 a frappé lundi le département d’Ishikawa, au centre du Japon. Il a été suivi de quelque 155 répliques d’une magnitude supérieure à 3,0.
  • Une alerte au tsunami de niveau maximal a été initialement émise et les habitants ont dû se réfugier en hauteur. Toutefois, les vagues sont demeurées relativement peu élevées, à 1,2 m de haut.
  • La petite ville historique de Wajima a été durement touchée où plusieurs incendies fontt toujours rage, ce mardi (heure locale).

Le plus important de ces séismes, survenu lundi peu après 16 h (2 h, heure de l’Est) dans le département d’Ishikawa, a été enregistré à une magnitude de 7,5 par l’Institut américain de géophysique (USGS) et à 7,6 par l’agence météorologique japonaise (JMA).

Cette violente secousse, nettement ressentie jusqu’à Tokyo à plus de 300 km à vol d’oiseau, avait entraîné lundi un tsunami sur les côtes de la mer du Japon, forçant de nombreux habitants à courir se réfugier vers des hauteurs aussi vite que possible.

Les vagues sont heureusement restées peu élevées, malgré un niveau d’alerte maximal émis initialement par la JMA : elles ont été mesurées à 1,2 mètre dans le port de Wajima, dans la péninsule de Noto, à la pointe nord du département d’Ishikawa.

Le niveau de risque de tsunami a été ensuite rétrogradé, puis définitivement levé ce mardi à 10 h (lundi 20 h, heure de l’Est) par la JMA.

Le département d’Ishikawa a été secoué par 155 séismes entre lundi 16 h et ce mardi 9 h (lundi 19 h, heure de l’Est), la plupart avec une magnitude supérieure à 3,0, a comptabilisé la même agence.

Les séismes ont fait de « nombreuses victimes » et d’importants dégâts matériels, avec des bâtiments effondrés et des incendies, a déclaré ce mardi le premier ministre japonais Fumio Kishida. « Nous devons mener une course contre la montre » pour sauver des vies, a-t-il ajouté.

Des incendies continuaient de faire rage ce mardi matin à Wajima, une petite ville historique réputée pour ses produits artisanaux en laque.

Les pompiers sont débordés, a déclaré ce mardi à l’AFP un responsable des services d’urgence de Wajima. « Nous nous occupons de plusieurs incendies », et le nombre d’appels d’urgence et de signalements de dégâts continue d’augmenter, a-t-il dit.

Un grand bâtiment de plusieurs étages d’un fabricant local de laques s’est notamment effondré, a-t-il ajouté.

PHOTO YUSUKE FUKUHARA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des personnes sont assises à l’extérieur après avoir évacué des bâtiments dans la ville de Wajima.

Soldats en renfort

Des vues aériennes montraient l’étendue des désastres d’un grand incendie à Wajima et des bateaux de pêche coulés ou échoués à Suzu, un autre port de la péninsule de Noto.

Près de 32 700 foyers restaient privés d’électricité ce mardi matin, selon un fournisseur local d’électricité.

Des dizaines de milliers d’habitants ont dû évacuer depuis lundi, selon l’agence nationale de gestion des incendies et catastrophes naturelles citée par l’agence de presse japonaise Kyodo.

Un millier de soldats des Forces japonaises d’autodéfense (FJA) ainsi que plus de 2000 pompiers et quelque 630 policiers sont arrivés en renfort dans les zones sinistrées, a ajouté M. Kishida.

Le premier ministre avait aussi annoncé lundi l’envoi de biens de première nécessité comme de l’eau potable, de la nourriture, des couvertures, de l’essence ou encore du fioul, par avion ou par bateau.

De son côté, le président américain Joe Biden a fait savoir que les États-Unis se tenaient « prêts à fournir toute aide nécessaire au peuple japonais », rappelant que Washington et Tokyo étaient « de proches alliés ».

« Solidarité avec le Japon qui doit surmonter les conséquences de forts séismes. Nous partageons l’immense douleur des familles des victimes », a réagi sur X le président français Emmanuel Macron, ajoutant que la France était prête à aider également.

CATPURE D’ÉCRAN KYODO NEWS, VIA ASSOCIATED PRESS

Une capture d’écran d’une vidéo montre un incendie survenu à la suite d’un tremblement de terre à Wajima, au Japon.

« C’est le district Matsunami de Noto. Nous sommes dans une situation horrible. S’il vous plaît, venez nous aider. Ma ville est dans une situation horrible », a imploré une personne dans une vidéo postée lundi sur X où l’on pouvait voir des maisons anciennes en bois effondrées.

D’autres images de la télévision japonaise ont montré lundi des personnes évacuées attendant dehors dans le froid, certaines se couvrant d’épaisses couvertures, d’autres tenant des enfants dans les bras.

Face à la catastrophe, les traditionnelles salutations publiques du Nouvel An par l’empereur du Japon Naruhito et sa famille, qui devaient se tenir ce mardi à Tokyo, ont été annulées.

Les centrales nucléaires ont résisté

Plusieurs autoroutes proches des épicentres ont été fermées à la circulation, et le trafic des trains à grande vitesse (Shinkansen) entre Tokyo et Ishikawa a été interrompu lundi.

Situé sur la ceinture de feu du Pacifique, le Japon est l’un des pays où les séismes sont les plus fréquents au monde.

L’archipel applique en conséquence des normes de construction extrêmement strictes, de sorte que les bâtiments modernes résistent généralement à de puissants séismes, mais les maisons anciennes beaucoup moins.

Mais le Japon est hanté par le souvenir du terrible séisme de magnitude 9,0 suivi d’un tsunami géant en mars 2011 sur les côtes nord-est du pays, une catastrophe qui a fait quelque 20 000 morts et disparus.

Ce désastre avait aussi entraîné l’accident nucléaire de Fukushima, le pire depuis celui de Tchernobyl en 1986.

« Aucune anomalie » n’a été détectée dans les centrales nucléaires du pays, avait assuré dès lundi l’autorité japonaise de sûreté nucléaire (NRA).