(Pyongyang) Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a déclaré jeudi qu’il souhaitait construire une relation « tournée vers l’avenir » avec la Russie, lors de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a rapporté l’agence officielle KCNA.

M. Lavrov a effectué une visite de deux jours dans la capitale nord-coréenne, avant un possible voyage du président Vladimir Poutine dans ce pays qui soutient la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine.

M. Kim a affirmé que l’objectif du Parti des travailleurs au pouvoir et du gouvernement est « d’élaborer un plan stable, tourné vers l’avenir et de grande envergure pour les relations entre la RPDC (République populaire démocratique de Corée, NDLR) et la Russie », selon KCNA.

Le chef de la diplomatie russe a dénoncé jeudi la politique militaire « dangereuse » des États-Unis et de ses alliés face à la Corée du Nord, tout en saluant un resserrement des relations entre Moscou et Pyongyang.  

« Comme nos amis nord-coréens, nous sommes terriblement préoccupés par l’intensification des activités militaires des États-Unis, du Japon et de la Corée du Sud dans la région, et par la politique de Washington », a déclaré le ministre russe lors d’une conférence de presse, cité par les agences russes.

Selon lui, les Américains y mettent en place « des infrastructures stratégiques, y compris des éléments nucléaires ».

« Nous nous opposons à cette ligne non constructive et dangereuse », a ajouté M. Lavrov.

Face à une série record d’essais d’armes par Pyongyang cette année, Séoul a entrepris de renforcer son alliance avec les États-Unis et adhéré à un accord de défense trilatéral incluant également le Japon.

Séoul et Washington ont organisé des exercices militaires conjoints et un sous-marin nucléaire américain a fait escale en juillet dans un port sud-coréen pour la première fois depuis des décennies.

Un bombardier américain B-52 capable de transporter une charge nucléaire est actuellement stationné à une centaine de kilomètres au sud de Séoul en vue d’exercices trilatéraux prévus ce week-end, selon les médias sud-coréens.

Livraisons en cours ?

Une rencontre mi-septembre dans l’Extrême-Orient russe entre MM. Kim et Poutine a permis de renforcer les relations entre Moscou et Pyongyang, a noté M. Lavrov.

« Après ce sommet historique […] nous pouvons affirmer avec confiance que les relations » entre les deux pays « ont atteint un niveau qualitativement nouveau et stratégique », s’est félicité le ministre russe auprès de son homologue nord-coréenne Choe Son Hui, cité par les agences russes.

Moscou souhaite également aider la Corée du Nord à répondre à ses besoins énergétiques, a-t-il déclaré aux médias russes.  

Le responsable a évoqué des efforts « d’exploration géologique » et des projets « pour la fourniture de ressources énergétiques et d’autres biens » dont la Corée du Nord a besoin.

Ces deux questions énergétiques seront discutées lors d’une réunion conjointe prévue en novembre, a-t-il ajouté.  

M. Lavrov, qui a déposé des gerbes sur les monuments dédiés aux anciens dirigeants nord-coréens Kim Il-sung et Kim Jong-il jeudi matin, était arrivé la veille à Pyongyang après avoir été au côté du président russe pour un voyage à Pékin.

PHOTO AGENCE KCNA PAR REUTERS

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov

Lors d’un dîner de bienvenue, il a salué le soutien de Pyongyang à l’offensive militaire menée par la Russie en Ukraine.

Le sommet de septembre et le réchauffement apparent des relations entre la Russie et la Corée du Nord ont attisé les craintes occidentales que Pyongyang puisse fournir à Moscou des armes pour ses opérations militaires en Ukraine.

La semaine dernière, les États-Unis ont affirmé que des livraisons étaient déjà en cours, avec plus de 1000 conteneurs d’équipements militaires et de munitions livrés à la Russie par la Corée du Nord ces dernières semaines.  

En échange, Pyongyang cherche à se procurer des équipements militaires russes et des « technologies sophistiquées », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby.  

Moscou a dénoncé cette semaine ces propos, insistant sur le fait que Washington n’avait aucune preuve.