(Pékin) Les pluies diluviennes qui frappent le nord de la Chine ont fait samedi au moins 10 morts supplémentaires dans la région autour de Pékin, portant à au moins 30 morts le bilan depuis le début de la semaine.

Au moins 10 morts et 18 disparus ont été annoncés samedi pour la province du Hebei, voisine de la capitale, selon un bilan encore provisoire pour ces intempéries inédites par leur intensité dans une région qui manque habituellement d’eau.

Le typhon Doksuri, rétrogradé en tempête après avoir frappé les Philippines voisines, a balayé ces derniers jours une partie de la Chine avec des pluies torrentielles.

Pékin et sa grande région ont été particulièrement touchés.

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Un homme se tient devant un immeuble résidentiel endommagé par les pluies et les inondations à Pékin, le 4 août.

À la faveur d’une accalmie sur le front météo, les opérations de nettoyage se poursuivent samedi après les pires précipitations depuis des années, qui ont détruit des infrastructures et inondé des quartiers entiers.

La zone la plus sinistrée est de loin le Hebei, voisin de Pékin, où d’immenses étendues d’eau submergent la province sur des kilomètres à la ronde.

À Baoding, qui compte 11,5 millions d’habitants et est connue pour sa production d’acier, plus d’un million sont touchés par ces inondations, selon la mairie, qui a fait état samedi d’au moins 10 morts et 18 disparus dans sa juridiction, et de plus de 600 000 personnes à Baoding évacuées.

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Un homme passe devant une voiture renversée lors du passage du typhon Doksuri, le 4 août Pékin.

Rues transformées en rivières

La situation est également critique à Zhuozhou, dont de larges pans sont noyés sous les flots.  

Des photos aériennes spectaculaires de la ville, prises mercredi par l’AFP, montrent des rues commerçantes transformées en rivières aux eaux brunes.  

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Vue aérienne sur Zhuozhou, le 2 août

D’autres montrent des terres agricoles complètement submergées.

À plusieurs centaines de kilomètres, des pluies diluviennes frappaient samedi pour le deuxième jour consécutif le nord-est de la Chine, en particulier les provinces frontalières de la Russie et de la Corée du Nord.  

Des images sur les réseaux sociaux montrent des torrents d’eau bouse dans les rues de la métropole de Jilin (3,6 millions d’habitants), capitale de la région du même nom.

Dans la province voisine du Liaoning (Nord-Est), six réservoirs ont dépassé le seuil d’alerte, d’après Chine nouvelle, et le niveau du cours principal du Liaohe, l’un des plus grands fleuves du pays, dépasse de 33 cm les limites admises.

Canicule et intempéries

La Chine fait face ces derniers mois à des conditions météorologiques extrêmes et des températures localement inhabituelles, exacerbées par le changement climatique selon des scientifiques.

Ma Jun, directeur de l’Institute of Public and Environmental Affairs, ONG basée à Pékin, a expliqué à l’AFP cette semaine que, si le typhon avait apporté les fortes pluies, l’intensité des intempéries était aussi due au changement climatique et à l’élévation de la température des océans.

« La Chine a souffert de canicules extrêmes et inédites depuis l’an dernier, avec cette année des vagues de chaleur extrêmes dans le nord du pays. Ceci est lié au réchauffement climatique, la grande majorité des scientifiques dans le monde en sont d’accord », a-t-il déclaré.

Le mois dernier, Pékin et sa région avaient battu des records de températures avec localement plus de 40 °C.

Les autorités chinoises ont annoncé vendredi que les catastrophes naturelles dans le pays avaient fait 147 morts ou disparus en juillet. Un bilan qui n’intègre que les toutes premières victimes du typhon Doksuri, qui touche la Chine depuis le début de la semaine.  

Les pluies qui ont frappé Pékin sont les plus fortes depuis le début des relevés il y a 140 ans, selon les services météorologiques locaux.  

Une alerte rouge reste en vigueur samedi à Pékin en raison de « risques géologiques » tels que des éboulements, malgré une journée relativement ensoleillée.