(Islamabad) L’Assemblée nationale pakistanaise a adopté une loi limitant la durée d’inéligibilité d’un parlementaire, a-t-on appris de source gouvernementale, ce qui ouvre la voie à un retour en politique de l’ancien premier ministre actuellement en exil Nawaz Sharif.

M. Sharif a été trois fois premier ministre du Pakistan. Il avait été destitué pour corruption de ce poste en 2017 par la Cour suprême, qui l’avait banni à vie de tout mandat politique un an plus tard.

Condamné à sept années de prison pour corruption, il avait été libéré sous caution en octobre 2019 en raison de son état de santé et autorisé par le gouvernement à se rendre en Grande-Bretagne pour y être soigné.

Il continue à y résider et à diriger en coulisses le parti dirigé par sa famille, la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N), membre du gouvernement de coalition mené par son frère Shehbaz Sharif.

Le président de la République par intérim a promulgué lundi une loi qui stipule que les tribunaux peuvent prononcer l’inéligibilité d’un élu pour « une période ne dépassant pas cinq ans », a indiqué mardi à l’AFP un porte-parole du gouvernement.

La PML-N a fait passer cette loi dans le but de faire revenir Nawaz Sharif avant les élections législatives, qui doivent avoir lieu d’ici octobre, estime l’analyste politique Hasan Askari.

« Nawaz Sharif sera la tête d’affiche de la campagne de la PML-N aux prochaines élections », a-t-il affirmé à l’AFP. « Son retour sera très utile politiquement pour son parti, mais il n’est pas clair s’il sera lui-même candidat ou non. »

M. Sharif est toujours sous le coup des accusations de corruption qui lui avaient valu d’être condamné sous le mandat de son successeur Imran Khan.

Mais au Pakistan, les affaires touchant les hommes politiques sont souvent oubliées une fois que leur parti est au pouvoir.

Shehbaz Sharif est arrivé au pouvoir en avril 2022 à la tête d’une fragile coalition, après avoir évincé M. Khan sur une motion de censure, celui-ci ayant perdu le soutien de l’armée qui l’avait appuyé en sous-main lors de son élection en 2018.  

En mai, M. Khan a lui-même été arrêté dans une affaire de corruption, ce qui a déclenché des heurts violents entre ses supporteurs et les forces de l’ordre, avant sa remise en liberté trois jours plus tard.

Les autorités ont répondu à ces incidents par une sévère répression à l’encontre de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), dont des milliers de sympathisants ont été arrêtés.

M. Khan dénonce une campagne d’intimidation, destinée à l’écarter des prochaines élections, dont il était le grand favori avant ces évènements.