(Taipei) Le contre-torpilleur américain USS Milius a navigué dimanche dans le détroit de Taiwan, revendiqué par Pékin, a annoncé la marine américaine, une semaine après de vastes manœuvres militaires chinoises dans la même zone.

L’USS Milius « a effectué un transit de routine dans le détroit de Taiwan » dimanche, a déclaré la marine américaine dans un communiqué, « dans des eaux où la liberté de navigation et de survol en haute mer s’applique conformément au droit international ».

« Le navire a transité dans un corridor dans le détroit situé au-delà de toute mer territoriale d’un État côtier », a-t-on ajouté de même source. « L’armée des États-Unis vole, navigue et opère partout où le droit international le permet. »

Pékin a dit lundi avoir surveillé le passage d’un navire de guerre américain dans le détroit et accusé Washington de faire du « battage médiatique » autour de la présence de son contre-torpilleur.

Les forces chinoises dans la zone « maintiennent en permanence un haut niveau d’alerte et défendent avec détermination la souveraineté et la sécurité nationales, ainsi que la paix et la stabilité régionales », a affirmé Shi Yi, un porte-parole de l’armée.

La situation en mer et dans les airs a été « normale » autour de Taiwan pendant le passage de l’USS Milius, a assuré lundi le ministère taïwanais de la Défense.

« Intrusion illégale »

Pékin assiste avec mécontentement au rapprochement ces dernières années entre cette île et les États-Unis qui, malgré l’absence de relations officielles, lui fournissent un soutien militaire substantiel.

La Chine considère Taiwan comme une province qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Elle vise cette réunification, par la force si nécessaire.

La semaine dernière, l’USS Milius était passé en mer de Chine méridionale à proximité des îles Spratleys, également revendiquées par Pékin. Le gouvernement chinois avait dénoncé une « intrusion illégale ».

Frégate française

Une semaine avant que ce bâtiment américain ne navigue près de Taiwan, de vastes exercices militaires chinois s’étaient déroulés autour de l’île.

Trois jours durant, des navires et des avions de guerre chinois avaient simulé un « bouclage » de Taiwan, en représailles à une rencontre aux États-Unis entre la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen et le président de la Chambre américaine des représentants, Kevin McCarthy.

Les exercices se sont officiellement terminés le 10 avril mais des bateaux et des avions des forces armées chinoises ont continué à circuler dans les environs de Taiwan depuis.

Le ministère taïwanais de la Défense a annoncé lundi avoir détecté quatre navires et 18 avions chinois, dont quatre ont pénétré dans la zone d’identification de défense aérienne (ADIZ) de Taiwan.

L’ADIZ de cette île inclut une zone beaucoup plus large que son espace aérien et chevauche une partie de l’ADIZ de la Chine, comprenant même une portion du continent.

Des navires de guerre occidentaux croisent régulièrement dans le détroit de Taiwan et Pékin proteste à chaque fois.  

Le destroyer américain USS Chung-Hoon l’a traversé en janvier, suivi en février par deux frégates américaine et canadienne.

Dans la soirée du 9 au 10 avril, une frégate de surveillance française en partance du Vietnam et en route vers la Corée du Sud a également emprunté le détroit, « dans les eaux internationales, conformément à la liberté de navigation », selon l’état-major de l’armée française. Il a précisé que le bâtiment avait eu des échanges radio avec la marine chinoise qui a eu une « attitude professionnelle, sans agressivité ».

Ce passage dans le détroit de Taiwan, effectué deux jours après la visite officielle du président Emmanuel Macron en Chine, faisait partie d’une mission prévue de longue date, a assuré l’état-major.

En août 2022, Pékin avait effectué autour de Taiwan ses plus grandes manœuvres militaires depuis des décennies, pour riposter à une visite à Taipei de la présidente de la Chambre des représentants américaine de l’époque, Nancy Pelosi.