(Pékin) À rebours du tollé provoqué en Occident, les Chinois ne tarissent pas d’éloges sur les « très bonnes idées » d’Emmanuel Macron qui appelle l’Union européenne à ne pas être « suiviste » des États-Unis sur la question de Taïwan.

L’île de 23 millions d’habitants fait l’objet d’une âpre rivalité entre Pékin, qui revendique sa souveraineté sur ce territoire qu’il ne contrôle pas, et Washington, principal allié et fournisseur d’armes de Taïwan.

Lors de son voyage en Chine, le président français a déclaré au site américain Politico et au quotidien économique Les Échos que l’Europe ne devrait pas s’aligner sur les États-Unis ou sur la Chine en cas de conflit à propos de Taïwan. Des propos publiés après son retour à Paris.

Ces commentaires sont « manifestement le fruit d’une observation et d’une réflexion de longue date », estime le Global Times, un quotidien proche du pouvoir chinois.

Et d’évoquer des « paroles de vérité » dans un article publié mardi.

« Certains veulent construire une fausse Europe dans l’opinion publique, et masquer les véritables voix et intérêts » des Européens, fustige le journal aux éditoriaux souvent acerbes.

En cas de conflit à Taïwan, « la pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes » et « nous adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise », a estimé Emmanuel Macron, plaidant pour une « autonomie stratégique » de l’Union européenne.

Ces propos, publiés dimanche au moment où la Chine simulait des bombardements ciblés contre Taïwan, ont semé le trouble en Occident.

Pékin a dit mercredi ne « pas être surpris » par ces réactions.

« Irréaliste »

« Certains pays ne veulent pas voir que d’autres deviennent indépendants et autonomes », a souligné devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.

« Au contraire, ces pays essaient toujours de les soumettre à leur propre volonté », a-t-il ajouté sans préciser à quel(s) pays il faisait référence.     

L’ancien président américain Donald Trump a accusé Emmanuel Macron de « lécher le cul » de la Chine après sa visite à Pékin, lors d’une interview diffusée mardi.

Cette prise de position du chef de l’État français « s’avérera être une brillante décision », car elle traduit « une opposition à une nouvelle Guerre froide », salue le journaliste Chen Weihua, correspondant à Bruxelles du China Daily, un quotidien officiel publié en anglais.

« Les idées de Macron sont très bonnes », estime un internaute sur le réseau social Weibo, au diapason de nombreux autres commentaires.

« L’arrogance de l’Europe et son inaction pendant de nombreuses années l’ont conduit à une passivité stratégique extrême face aux États-Unis ».

Emmanuel Macron a été accueilli la semaine dernière comme une vedette en Chine, avec notamment des scènes d’euphorie avant une rencontre avec des étudiants à Canton (sud).  

Les médias chinois n’ont par ailleurs pas manqué de souligner le traitement de choix de Xi Jinping envers son invité, reçu avec tous les honneurs.

Pour autant, il est « irréaliste » de penser que la France se rangera aux côtés de la Chine en cas de conflit avec les États-Unis, prévient l’influent Hu Xijin, ancien rédacteur en chef du Global Times et héraut du nationalisme chinois.

L’Europe et les États-Unis « ont des valeurs communes et sont liés par l’OTAN », écrit-il à ses abonnés sur le réseau social Weibo.