(Séoul) L’armée sud-coréenne a reconnu jeudi qu’un drone nord-coréen avait franchi la zone d’exclusion aérienne autour du bureau du président Yoon Suk-yeol fin décembre, lors d’une rare incursion à laquelle Séoul a répondu en déployant des avions de chasse.

Cinq drones nord-coréens ont survolé l’espace aérien sud-coréen le 26 décembre, le premier incident de ce type en cinq ans.

L’incursion a été qualifiée par Séoul de « violation » de son territoire, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol menaçant de rompre un accord militaire intercoréen conclu en 2018 en cas « de nouvelles provocations » de son voisin du Nord.  

L’armée sud-coréenne s’est excusée de n’avoir pu intercepter aucun des appareils nord-coréens, malgré une opération de cinq heures impliquant le déploiement d’avions de chasse, attribuant cet échec à la petite taille des drones.

Elle avait alors démenti les informations selon lesquelles les drones avaient pénétré une zone d’exclusion aérienne clé appelée « P-73 », qui correspond au bureau de la présidence sud-coréenne et à ses environs, au cœur de la capitale Séoul.

Mais un porte-parole de l’état-major interarmées est revenu jeudi sur ces déclarations, déclarant qu’« il n’est pas vrai que (le drone nord-coréen) n’est pas passé au-dessus de Yongsan », la zone où se trouvent le siège de la présidence et le ministère de la Défense de la Corée du Sud.  

Selon un responsable militaire, une enquête a révélé que « la trace d’un petit drone de l’ennemi qui est entré à Séoul a traversé une partie de l’extrémité nord de la zone d’exclusion aérienne ».

« Nous affirmons clairement qu’il n’y a aucun problème avec la sécurité du bureau de Yongsan », a ajouté ce responsable, en référence au bâtiment où travaille le président Yoon Suk-yeol.

« Inquiétant »

L’armée sud-coréenne a déclaré la semaine dernière que le Nord « n’avait pas pu obtenir d’informations significatives » sur le Sud par son incursion de drones, compte tenu du faible « niveau technologique » de Pyongyang.

Malgré tout, estime Yang Moo-jin, professeur à l’Université des études nord-coréennes de Séoul, « il est inquiétant que Yongsan, où sont situées les infrastructures […] de sécurité les plus importantes de Corée du Sud, ait été infiltrée au plus fort de la tension entre les deux Corées ».

Depuis début 2022, la Corée du Nord multiplie les essais d’armements. Elle a notamment testé, en mars, un missile balistique intercontinental (ICBM), pour la première fois depuis cinq ans. Un autre ICBM nord-coréen est tombé au large du Japon le 18 novembre.

Mercredi, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a demandé à ses conseillers à la sécurité « d’envisager de suspendre l’accord militaire du 19-Septembre si la Corée du Nord commettait de nouvelles provocations en violant notre territoire », selon un porte-parole.

L’accord, conclu en 2018 lors d’un sommet à Pyongyang, visait à réduire les tensions militaires le long de la frontière hautement sécurisée intercoréenne en créant des « zones tampons » maritimes.

À l’époque, les deux parties avaient convenu de « cesser les divers exercices militaires visant l’autre partie le long de la ligne de démarcation militaire » séparant les deux Corées, mais Pyongyang a violé l’accord à plusieurs reprises l’an passé.  

M. Yoon a également réclamé « la production à grande échelle d’ici la fin de l’année de drones de petite taille difficiles à détecter » et la création d’une unité de drones polyvalents afin de doter son pays d’une « capacité de contre-offensive écrasante ».

Sous la présidence de M. Yoon, la Corée du Sud a renforcé les exercices militaires conjoints avec les États-Unis.

Un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche a fait savoir mardi que Washington et Séoul préparent « une réponse coordonnée et concrète à une série de scénarios, y compris une utilisation de l’arme nucléaire par la Corée du Nord ».

Ahn Chan-il, chercheur sur la Corée du Nord, a déclaré à l’AFP que M. Yoon était devenu une « figure redoutée » à Pyongyang, et que l’incursion du drone pourrait être un « vol d’essai » en cas de future tentative d’assassinat.