(Pékin) Le Parti communiste chinois tiendra son congrès le 16 octobre, ont annoncé mardi les médias d’État, une réunion décisive qui devrait permettre au président Xi Jinping d’arracher un troisième mandat inédit à la tête de la Chine.

Sauf coup de théâtre, M. Xi devrait devenir à cette occasion le premier président à se maintenir au pouvoir pour un troisième sacre à la tête du pays le plus peuplé de la planète.

Lors du précédent congrès en 2017, l’homme fort de Pékin avait fait entrer sa « pensée » dans les documents fondateurs du Parti.  

Quelques mois plus tard, la Constitution était modifiée pour supprimer la limite de deux mandats présidentiels. Xi Jinping peut donc en théorie présider à vie la République populaire.

Ce congrès, le 20e depuis la création du PCC en 1921, devrait également déboucher sur une large recomposition du comité permanent du Bureau politique, l’organe tout-puissant de sept membres qui détient la réalité du pouvoir en Chine.

Selon des traditions non écrites, une partie des membres actuels du cénacle dirigeant atteignent l’âge auquel ils sont censés prendre leur retraite.  

Forte de 2300 délégués, l’assemblée générale du PCC se tiendra à « un moment clé où l’ensemble du Parti et tous les groupes ethniques du pays sont engagés dans la construction d’un pays socialiste moderne », a souligné mardi la télévision publique CCTV.

Si le régime communiste donne l’apparence d’unité, en coulisses les rivalités vont bon train et le président cherche toujours à consolider son pouvoir, estiment des analystes.

Tensions et difficultés

Depuis l’arrivée de Xi Jinping à la tête de l’État-Parti fin 2012, plus d’un million et demi de cadres ont été sanctionnés dans le cadre d’une vaste campagne anticorruption, selon des chiffres officiels qui remontent à plusieurs années.

Le numéro un chinois est depuis longtemps soupçonné d’utiliser cette campagne afin de s’en prendre à son opposition interne.  

Le congrès du Parti s’ouvrira au moment où la Chine est confrontée à de nombreuses difficultés.

Après des années de développement effréné, le géant asiatique est désormais confronté à un fort ralentissement de sa croissance.  Et le chômage a fortement augmenté chez les 16-24 ans (près de 20 %).  

Or, le Parti tire sa principale légitimité de l’augmentation du pouvoir d’achat de la population.

La stratégie zéro COVID-19, défendue bec et ongles par le président Xi, est par ailleurs de plus en plus contestée par le grand public et surtout les milieux d’affaires, qui s’alarment des menaces que font peser les confinements sur l’activité.

Les autorités décrètent des confinements localisés, imposent dans certains endroits des tests PCR toutes les 72 voire 48 heures et font planer le risque d’une quarantaine sur tout voyageur se rendant dans une autre province.

Sur le plan international, les points de discorde se sont par ailleurs multipliés entre la Chine de Xi Jinping et le grand rival américain : commerce et technologie, sort de la minorité ouïghoure au Xinjiang, répression à Hong Kong, mais aussi tensions autour de Taïwan.

La Chine a ainsi mené au début du mois d’août des manœuvres militaires inédites par leur ampleur près de cette île sur laquelle Pékin revendique la souveraineté.

Un message de fermeté adressé à Washington après la visite jugée provocatrice à Taïwan de la numéro trois américaine Nancy Pelosi.