(San Salvador) Un deuxième groupe de 2000 gangsters présumés a été transféré mercredi au Salvador dans la « plus grande prison d’Amérique » construite pour 40 000 détenus dans le cadre de la « guerre » contre le crime lancée il y a un an par le président Nayib Bukele.

« Lors d’une nouvelle opération, nous avons transféré le deuxième groupe de deux mille gangsters dans le Centre de confinement du terrorisme (CECOT). Ce sont maintenant quatre mille gangsters qui habitent la prison la plus critiquée au monde », a annoncé M. Bukele sur son compte Twitter.

Les conditions de détention dans cette gigantesque prison, à Tecoluca (74 km au sud-est de San Salvador), sont dénoncées par des organisations de défense des droits de la personne.

Le président salvadorien a publié des photos et vidéos de ce transfert de détenus depuis la prison d’Izalco, tandis que le ministre de la Défense René Francis Merino a précisé que 1200 militaires ont assuré la sécurisation de l’opération, surveillée en outre par trois hélicoptères de l’armée.

Un premier groupe de deux mille gangsters présumés avait été amené au CECOT le 24 février.

La gigantesque prison, équipée de haute technologie de surveillance, a été inaugurée début février. Elle a été construite pour accueillir la plupart des 64 000 membres présumés de gangs mis sous les verrous depuis l’offensive menée contre eux dans le cadre d’un régime exceptionnel décrété par le Parlement à la demande de M. Bukele.

PHOTO FOURNIE PAR LE SERCIVE DE PRESSE DE LA PRÉSIDENCE, REUTERS

Le contingent de 2000 personnes arrêtées

Les images transmises par M. Bukele montrent de nombreux prisonniers enchaînés, portant des tatouages, signes de leur appartenance aux deux principaux gangs de la Mara Salvatrucha (MS-13) et du Barrio 18, torse nu et pieds nus, revêtus seulement d’un caleçon blanc.

En dépit des critiques des ONG de défense des droits de la personne pour les abus commis, la « guerre contre le crime » vaut au président Bukele une écrasante popularité.

L’ONG Cristosal a annoncé avoir porté plainte la semaine dernière contre le Salvador devant la Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH) pour « la violation systématique des droits » fondamentaux de 66 personnes arrêtées dans le cadre de la « guerre contre le crime ».

« Ont été violés les droits à la liberté, au procès équitable, au droit d’être défendu et d’être jugé par un juge indépendant et impartial », selon Abraham Abrego, un dirigeant de Cristosal.

Le régime d’exception permet des arrestations sans mandat et plus de 64 500 personnes ont été arrêtées depuis un an.