(Bogota) Sept policiers ont été tués vendredi dans un « attentat à l’explosif » en Colombie, a annoncé le président Gustavo Petro, qui veut mettre en place depuis sa récente prise de fonctions une politique de « paix totale ».

Le chef de l’État avait dans un premier temps annoncé huit victimes mais le bilan final de la police a été révisé à sept morts. « Je condamne fermement (cet) attentat à l’explosif », a écrit M. Petro sur Twitter. « Solidarité avec leurs familles », a-t-il ajouté.

L’attaque a eu lieu à San Luis dans une zone rurale située à plus de deux heures de Neiva, la plus grande ville du département de Huila, dans le sud-ouest du pays.

Il s’agissait d’un « attentat contre une patrouille de police », a déclaré à l’AFP une porte-parole de la police, précisant que des explosifs avaient été utilisés et que les policiers avaient été tués par des « tirs d’armes à feu ».

Les autorités n’ont pour l’instant donné aucune information sur les auteurs de ces actes. Selon le bureau du procureur, les policiers étaient en train de retourner vers leur caserne à San Luis lorsqu’ils sont tombés dans une « embuscade ».

Cette attaque est la plus grave commise à l’encontre de forces publiques en Colombie depuis l’arrivée à la présidence de Gustavo Petro début août.

Disant vouloir rompre avec l’ancienne doctrine de « l’ennemi intérieur », le premier président de gauche de l’histoire du pays a remplacé le 12 août tout le commandement militaire, police compris, soulignant que sa mission serait désormais « la réduction de la violence, de la criminalité, et une augmentation substantielle du respect des droits de l’homme et des libertés publiques ».

Dans cette optique, il veut en outre mettre en œuvre une politique de « paix totale », visant à trouver un compromis avec les narcotrafiquants qui sévissent dans le pays pour mettre fin au conflit armé qui dure depuis près de 60 ans.

Il a notamment offert des « avantages juridiques » aux membres du Clan del Golfo, le plus puissant gang criminel du pays, en échange de leur reddition.

« Sabotage »

Hormis les négociations en cours avec les trafiquants de drogue, M. Petro est en passe de reprendre les pourparlers de paix avec l’Armée de libération nationale (ELN, guévariste), dernière guérilla reconnue en Colombie, qui se finance elle aussi grâce au trafic de drogue.

« Ces évènements expriment un sabotage clair de la paix totale. J’ai demandé aux autorités de se déplacer sur le territoire pour reprendre l’enquête », a asséné le président sur Twitter. M. Petro s’est rendu à Neiva peu après les faits pour prendre des « décisions urgentes » avec le chef de la police, a-t-il précisé.       

Le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Colombie, Carlos Ruiz, a aussi condamné l’attaque et a appelé à « insister sans relâche sur les efforts de paix ».

Le ministre de la Défense, Iván Velásquez, a lui appelé les forces armées à « répondre avec force à cette attaque contre la paix ».

Des factions dissidentes de l’ex-guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) sont présentes dans la région où a eu lieu l’attaque, selon des informations publiées en juillet du bureau du médiateur des droits humains du pays.

Malgré la main tendue par Gustavo Petro, la Colombie continue d’être en proie à une escalade de la violence, des groupes armés se disputant le trafic de drogue et les revenus des mines illégales dans plusieurs régions du pays.

À la veille du changement de gouvernement, le Clan del Golfo a assassiné au compte-gouttes une vingtaine de soldats dans le nord du pays.  

Selon le gouvernement sortant, le Clan cherchait par cette démonstration de force à se positionner pour les négociations de paix avec M. Petro.