Le chef de l'opposition vénézuélienne Juan Guaidó, président par intérim, s'est lancé samedi à Valencia (centre) dans une tournée à travers le pays qui le conduira selon lui « jusqu'à Miraflores », le palais présidentiel à Caracas.

« Nous entamons aujourd'hui une nouvelle phase de notre mobilisation en visitant tous les États possibles, nous lançons une opération pour libérer notre pays et que cesse l'usurpation » du président socialiste en place Nicolas Maduro, a lancé M. Guaidó devant plusieurs milliers de partisans réunis dans la capitale de l'État de Carabobo, l'une des principales villes industrielles du pays à 170 km à l'ouest de Caracas.

Le Venezuela est encore sous le choc de la gigantesque panne de courant qui a paralysé le pays pendant près d'une semaine.  

Nicolas Maduro, qui a accusé les États-Unis d'avoir conduit des attaques « cybernétiques » contre la principale centrale du pays, a de son côté convoqué une nouvelle « mobilisation révolutionnaire anti-impérialiste » dans Caracas, accompagnée de chants et suivie par quelques milliers de personnes vêtues de rouge et brandissant des drapeaux vénézuéliens (jaune, bleu, rouge).

Parallèlement, le chef de l'État a ordonné à l'armée de renforcer la surveillance des installations électriques et de défricher la végétation autour des sites et des lignes à haute tension.

L'opération, baptisée « En avant, Anna Karénine », appelle la population à prêter main-forte aux forces armées pour « conforter le retour à la normale », a exhorté le ministre de la Défense Vladimir Padrino, en tournée dans l'État de Vargas, voisin de Caracas.

Pour M. Guaidó, qui a reçu le soutien d'une cinquantaine de pays, M. Maduro est un « usurpateur » réélu pour un deuxième mandat lors d'un scrutin entaché de fraudes et cette panne est due à sa mauvaise gestion et à la corruption du régime.

« Il est temps de reprendre le Venezuela point par point », a-t-il lancé à Valencia. « Ils pensent pouvoir nous faire taire, nous intimider [...] Le régime veut nous faire douter. Ils ne pourront pas nous diviser, ce processus est irréversible, il n'y a pas de retour en arrière possible ».

Juan Guaidó a demandé aux députés de l'opposition, qui domine le Parlement, d'organiser des assemblées citoyennes dans leurs circonscriptions. Une cinquantaine de réunions de ce type se tenaient ce samedi dans dix des 23 États du pays, selon l'opposition.

Il a promis cette semaine de s'installer « très prochainement dans le bureau présidentiel », sans cependant annoncer de date pour le dernier acte de sa tournée à Caracas.

Après la mégapanne, le pays de 30 millions d'habitants - dont 10 % vivent désormais en exil - miné par les pénuries et l'hyperinflation, s'enfonce encore un peu plus dans la crise avec l'effondrement de sa production de pétrole, la seule ressource du pays qui assure 96 % de ses recettes.