Le président du Honduras a offert une récompense de plus de 150 000 $ US, mercredi, pour toute information menant à l'arrestation des meurtriers de l'un des journalistes les plus connus du pays. Les autorités ont annoncé quelques heures plus tard qu'un suspect du meurtre était interrogé.

Un porte-parole du ministère de la Sécurité, Hector Ivan Mejia, a refusé de donner des détails sur le suspect arrêté en lien avec l'assassinat d'Alfredo Villatoro, dont le corps a été retrouvé mardi à Tegucigalpa, la capitale, près d'une semaine après son enlèvement.

L'annonce de l'arrestation du suspect est survenue après que le président Porfirio Lobo se soit présenté à la télévision nationale pour offrir une récompense de 3 millions de lempiras, soit environ 154 000 $ US.

«Nous faisons tout notre possible pour aller au fond de cette affaire et résoudre ce crime», a dit M. Lobo.

Alfredo Villatoro était directeur de la radio HRN, l'une des plus importantes du Honduras. Quand les enquêteurs ont retrouvé son corps, il présentait des blessures par balle à la tête et il portait l'uniforme d'une unité d'élite de la police pour une raison qui reste inconnue. M. Villatoro portait une tenue civile lors de son enlèvement le 9 mai, a précisé M. Mejia.

Selon le porte-parole, quand le journaliste a été enlevé, les autorités pensaient qu'il s'agissait d'une enlèvement dans le but d'obtenir une rançon, «parce que s'ils avaient voulu le tuer, ils l'auraient fait dès le début». Mais les ravisseurs n'ont pas réclamé de rançon et les autorités pensent maintenant que le journaliste a peut-être été enlevé pour des raisons politiques, a indiqué M. Mejia.

«C'est un défi direct lancé au gouvernement», a affirmé M. Mejia. «Maintenant, nous devons comprendre le message qu'ils veulent envoyer avec ce geste.»

Alfredo Villatoro présentait les nouvelles du matin depuis 20 ans sur HRN et il se rendait à son bureau quand il a été enlevé. Il ne travaillait sur aucune enquête journalistique sensible, selon ses collègues.

Selon l'agence hondurienne des droits de la personne, 22 journalistes ont été tués dans le pays depuis 2010, et plusieurs autres ont fui à l'étranger après avoir reçu des menaces.

Le président Lobo a rencontré des directeurs et des propriétaires de médias mercredi pour parler des problèmes de sécurité.

«Nous attendons que le gouvernement offre les garanties de sécurité dont les journalistes ont besoin. Des mesures auraient dû être prises il y a déjà longtemps», a déploré Amado Lopez, propriétaire de la chaîne de télévision Channel 36.