(Alger) Le tribunal de Constantine en Algérie a condamné mardi à deux ans de prison ferme le chercheur algéro-canadien Raouf Farrah et le journaliste algérien Mustapha Bendjama, incarcérés depuis plus de six mois, a annoncé à l’AFP l’avocat de M. Farrah.

« Ils ont été condamnés tous les deux à deux ans de prison ferme », a déclaré Me Kouceila Zerguine, alors qu’il se trouvait encore au tribunal.

Raouf Farrah, 36 ans, et Mustapha Bendjama, 32 ans, ont été condamnés pour « publication d’informations et de documents dont le contenu est classé partiellement ou intégralement secret, sur un réseau électronique ou d’autres moyens technologiques de médias ».

M. Farrah a également été reconnu coupable de « réception de fonds d’institutions étrangères ou intérieures dans l’intention de commettre des actes qui pourraient porter atteinte à l’ordre public », selon son avocat.

Pour ce même motif, son père Sebti, 67 ans, s’est vu infliger une peine d’un an d’emprisonnement avec sursis et une amende. Me Zerguine a déjà annoncé qu’il va faire appel de ces condamnations.

Chercheur-analyste de l’organisation Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée (GI-TOC), Raouf Farrah avait été arrêté le 14 février chez ses parents à Annaba.

GI-TOC a mis sur son site sa photo et un décompte des jours et heures depuis qu’il est emprisonné. L’organisation mène également une campagne internationale pour la libération du chercheur, marié à une Canadienne et père d’une petite fille de 4 ans.

Mustapha Bendjama est rédacteur en chef du journal privé francophone Le Provincial, basé à Annaba. Il est poursuivi dans plusieurs affaires depuis sa participation au mouvement de protestation prodémocratie du Hirak en 2019, dont il était l’un des acteurs phares à Annaba.

Le journaliste avait été arrêté le 8 février dans son journal, soupçonné d’avoir aidé la militante politique franco-algérienne Amira Bouraoui à quitter l’Algérie via la Tunisie deux jours plus tôt, alors qu’elle était interdite de sortie du territoire.

L’affaire Bouraoui, qualifiée d’« exfiltration illégale » par le gouvernement algérien, avait provoqué une nouvelle brouille diplomatique avec la France, qui s’est résolue récemment.

Le procès contre M. Bendjama et d’autres personnes accusées d’avoir aidé la militante se tiendra séparément, à une date encore non fixée.