(Tripoli) La Mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul) a exprimé jeudi son inquiétude face à des enlèvements, détentions et disparitions forcées de citoyens et de figures publiques, dont un ancien ministre, mettant en garde contre l’instauration d’un climat de peur et de tensions.  

L’ONU est « profondément préoccupée par les enlèvements continus, les arrestations arbitraires et les disparitions de citoyens et de personnalités publiques par différents organes de sécurité en Libye », selon un communiqué paru jeudi.

Faraj Abderrahmane Boumtari, ancien ministre des Finances en 2018 du gouvernement d’union nationale, « a été interpellé mercredi à son arrivée à l’aéroport de Mitiga (Tripoli) et conduit dans un lieu inconnu », a indiqué la Manul.

Selon les médias locaux, il aurait été arrêté par des agents de l’Organe de la Sécurité intérieure (OSI), mais cette information n’a pas encore été confirmée par les autorités.

Des membres de la tribu de Faraj Abderrahmane Boumtari, les Zouaya, ont menacé jeudi de bloquer les terminaux pétroliers de l’est du pays si l’ancien ministre n’était pas relâché.

Deux champs pétroliers dans le sud, al-Charara et al-Fil, d’où provient un tiers de la production d’or noir de la Libye, seraient déjà bloqués par des protestataires, selon des informations circulant sur les réseaux sociaux, non vérifiées par l’AFP.

Jeudi, « cinq membres du Haut Conseil d’État (HCE) ont été interdits de voyage au même aéroport », a annoncé la Manul, citant « des informations ».

L’aéroport de Mitiga est tenu par les autorités, mais aussi des organismes de sécurité qui ont chacun le pouvoir d’interdire aux voyageurs d’y entrer ou d’en sortir.

La mission onusienne a appelé les autorités libyennes et les organes de sécurité à « libérer toutes les personnes détenues arbitrairement, à garantir des enquêtes indépendantes » sur ces enlèvements.

Pour la Manul, ces dernières tensions génèrent un « climat de peur et alimentent les tensions intercommunautaires et intertribales », « défavorables à la tenue d’élections transparentes et inclusives ou à la réconciliation nationale ».

Dotée des réserves de pétrole les plus abondantes d’Afrique, la Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 et secouée par des divisions entre l’est et l’ouest du pays.

Deux gouvernements s’y disputent le pouvoir depuis plus d’un an : l’un installé à Tripoli (ouest) et reconnu par l’ONU, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, l’autre dans l’Est, soutenu par le puissant maréchal Khalifa Haftar.