(Khartoum) Des hommes armés ont ouvert le feu vendredi sur un marché du Darfour tuant trois personnes, après plusieurs jours de violences sanglantes condamnées par l’ONU dans cette région de l’ouest du Soudan, a indiqué une ONG.

Depuis une semaine, au moins 216 personnes ont été tuées au Darfour-Ouest, théâtre de violences meurtrières entre membres de la tribu des Massalit et combattants des tribus arabes.

Dans la capitale de l’État du Darfour-Ouest, El-Geneina, tous les étals du marché aux fruits ont baissé leurs rideaux, craignant que des combattants reviennent, a précisé Adam Regal, porte-parole de la Coordination générale pour réfugiés et déplacés du Darfour, une ONG.

Un résidant de cette ville, Abderrahmane Hussein, a confirmé le bilan de la tuerie.

Vendredi, le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné ces violences et exigé la cessation immédiate des hostilités, alors que plusieurs hôpitaux ont été attaqués et des soignants tués.  

Il a « réaffirmé que la protection des civils est avant tout la responsabilité de l’État », alors que de nombreuses voix au Darfour accusent les forces de sécurité de ne pas agir voire d’être complices de ces attaques.

Selon de nombreux témoins, les auteurs de ces violences sont des Janjawids, des miliciens arabes utilisés par le dictateur Omar el-Béchir dans sa longue guerre lancée en 2003 au Darfour. Durant ce conflit, environ 300 000 personnes sont mortes et près de 2,5 millions ont été déplacées, d’après l’ONU.

Ces miliciens ont ces dernières années rejoint par milliers les Forces de soutien rapide (FSR), dirigées par le général Mohammed Hamdane Daglo, numéro deux du pouvoir militaire en place depuis le putsch d’octobre à Khartoum.

De nombreuses armes circulent encore au Darfour et d’octobre à décembre, des heurts entre éleveurs arabes et agriculteurs africains pour des disputes territoriales ou d’accès à l’eau ont causé près de 250 morts, selon des médecins.

Le Soudan, sorti en 2019 de 30 années de dictature sous Omar el-Béchir, reste depuis le coup d’État englué dans le marasme politique et économique.

D’ici la fin de l’année, selon l’ONU, 20 des 45 millions de Soudanais seront confrontés à l’insécurité alimentaire. Et les plus touchés du pays, l’un des plus pauvres au monde, sont les plus de 3,3 millions de déplacés, quasiment tous installés au Darfour.