(Rabat) Le Maroc a connu « une régression sans précédent » en matière de liberté d’expression et de la presse en 2021, a affirmé jeudi la plus importante organisation de défense des droits humains du royaume.

Dans une déclaration à la presse lors de la présentation de son rapport annuel sur les libertés publiques, l’Association marocaine des droits humains (AMDH) a dénoncé la poursuite des arrestations et des procès « dans un contexte autoritaire marqué par la répression et les restrictions ».  

170 journalistes arrêtés ou poursuivis

L’association a recensé 170 cas de poursuites judiciaires ou d’incarcérations visant des journalistes, des blogueurs et des militants de mouvements sociaux l’an dernier. Elle réclame l’annulation de ces poursuites.  

PHOTO ABDELHAK SENNA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Taoufik Bouachrine, éditeur du journal marocain Akhbar Al Youm et le caricaturiste Khalid Gueddar au tribunal de Casablanca le 23 octobre 2009, où ils étaient accusés d’avoir « manqué de respect à un membre de la famille royale ». Le 22 octobre 2009, le Maroc a bloqué la distribution des éditions du jeudi et du vendredi du journal français Le Monde en raison de caricatures jugées irrespectueuses envers la famille royale, a déclaré un haut responsable marocain.

L’AMDH déplore aussi l’interdiction de plus de 140 manifestations tout au long de l’année sous couvert de l’état d’urgence sanitaire.

Membre observateur du Conseil économique et social de l’ONU, l’association demande la levée des restrictions imposées aux associations notamment de défense des droits humains, comme le refus des autorités de renouveler les accréditations pour exercer leurs activités.

PHOTO YOUSSEF BOUDLAL, ARCHIVES REUTERS

Le journaliste et activiste Omar Radi attend devant un tribunal de Casablanca, au Maroc, le 12 mars 2020. Trois journalistes marocains — Soulaimane Raissouni, Omar Radi et Taoufik Bouachrine — ont été condamnés depuis 2018 à de lourdes peines de prison ferme pour des agressions sexuelles qu’ils nient.

L’AMDH a exhorté par ailleurs les autorités à « arrêter d’utiliser des affaires de droit commun pour poursuivre des journalistes en raison de leur travail ».  

Trois journalistes marocains — Soulaimane Raissouni, Omar Radi et Taoufik Bouachrine — ont été condamnés depuis 2018 à de lourdes peines de prison ferme pour des agressions sexuelles qu’ils nient.

Les autorités assurent que la justice est indépendante et que ces condamnations « n’ont rien à voir » avec leur travail journalistique.  

Le Maroc occupe la 136e place sur 180 pays du classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF).  

Ce classement est décrit comme une « campagne politique hostile au Maroc » par les autorités qui récusent « toute régression ou tout retour des graves violations des droits humains ».

Dans un rapport publié le mois dernier, le délégué interministériel aux droits de l’Homme, Ahmed Chaouki Benyoub, a « confirmé l’inexistence de toute hésitation ou régression de la volonté de l’État » en matière de protection des droits de l’Homme.