(Washington) La directrice de l’Agence américaine d’aide internationale (USAID), Samantha Power, et un haut responsable de l’ONU vont tenir des discussions en Éthiopie pour réclamer un accès pour l’aide humanitaire au Tigré, région du nord du pays en guerre et menacée par la famine.

Mme Power rencontrera des responsables éthiopiens à Addis Abeba pour « réclamer un accès humanitaire sans entrave en vue de prévenir la famine au Tigré et répondre aux besoins urgents dans d’autres régions (de l’Éthiopie) affectées par le conflit », a indiqué l’USAID dans un communiqué.

La tournée de l’ancienne ambassadrice américaine à l’ONU, qui débutera samedi, la mènera également au Soudan, une marque de soutien au gouvernement civil de transition après les décennies de contrôle autoritaire d’Omar el-Béchir, a ajouté l’USAID.

L’ONU a prévenu mercredi que les rations provenant du dernier convoi humanitaire à avoir atteint le 12 juillet la capitale du Tigré, Mekele, ne permettraient de tenir que quelques jours.

Quelque 5,2 millions de personnes — soit plus de 90 % de la population du Tigré — vivent grâce à l’aide extérieure, selon l’ONU.

Les routes menant vers cette région sont entravées par des restrictions ou des problèmes de sécurité après l’attaque d’un convoi du Programme alimentaire mondial (PAM) le 18 juillet.

Martin Griffiths, nouveau secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires, est lui arrivé en Éthiopie pour son premier voyage officiel depuis sa prise de fonction.

Pendant six jours, il rencontrera des responsables éthiopiens et se rendra au Tigré et dans la région voisine d’Amhara.

Martin Griffiths espère « des discussions constructives sur le calibrage de la réponse humanitaire à travers le pays », a déclaré Eri Kaneko, une porte-parole de l’ONU, à des journalistes.

Il aura l’occasion d’échanger avec des civils et d’être « témoin des difficultés auxquelles les travailleurs humanitaires font face », a-t-elle déclaré.

« Nettoyage ethnique »

Après des mois de tensions croissantes, le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, prix Nobel de la Paix en 2019, a envoyé l’armée fédérale au Tigré (Nord) en novembre 2020 pour destituer les autorités régionales, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF).

Il a déclaré victoire fin novembre après la prise de Mekele, mais les combats se sont poursuivis et, fin juin, les rebelles pro-TPLF ont regagné la majeure partie de la région, dont la capitale.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait dénoncé en mars des « actes de nettoyage ethnique » au Tigré et tenté de faire pression sur Abiy Ahmed, refroidissant la relation diplomatique entre les États-Unis et l’Éthiopie, alliés de longue date.

Mercredi, le département d’État avait exhorté les groupes armés au Tigré à cesser de cibler les réfugiés venant du pays voisin d’Érythrée, qui traversent depuis longtemps la frontière pour fuir leur gouvernement autoritaire.

Ancienne journaliste, Samantha Power avait été nommée par Barack Obama comme ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, poste qu’elle a occupé de 2013 à 2017.

Au Soudan, elle rencontrera le premier ministre Abdallah Hamdok et le président du Conseil souverain de transition, le général Abdel Fattah al-Burhan, à la tête du pays qui se prépare à des élections en 2022.

La responsable américaine « examinera les façons d’étendre le soutien de l’USAID à la transition du Soudan vers une démocratie civile » et donnera un discours à Khartoum à propos de cette transition, a précisé l’agence.

Elle doit aussi rencontrer des réfugiés éthiopiens ayant fui le conflit au Tigré pour s’installer au Darfour, région ravagée à partir de 2003 par un conflit dénoncé par Washington comme un génocide contre des minorités ethniques de ce pays d’Afrique de l’Est.