(Goma) L’organisation Human Rights Watch (HRW) a exigé lundi la libération de deux activistes prodémocratie détenus « arbitrairement » depuis trois mois à Butembo dans l’est de la République démocratique du Congo.  

« Les autorités congolaises devraient libérer immédiatement et sans condition deux activistes arrêtés arbitrairement le 19 avril 2021 après avoir manifesté pacifiquement » à Butembo, dans la province du Nord-Kivu, écrit HRW dans un communiqué.

Lutte pour le Changement

Elisée Lwatumba et Éric Muhindo, tous deux membres du mouvement citoyen Lutte pour le Changement (Lucha), « ont été accusés d’“incitation à la désobéissance civile” et de “menaces d’attentat”, et risquent jusqu’à cinq ans de prison selon leur avocat, a indiqué cette organisation de défense des droits de l’homme.

Le 13 juillet, le ministre congolais des Droits humains Fabrice Puela avait estimé devant la presse qu’il ne fallait pas que « pour avoir manifesté pour l’intérêt de la République — ces compatriotes, nos enfants — puissent avoir leur avenir sacrifié ».

Pour HRW, l’arrestation de ces deux activistes et « les accusations infondées portées contre eux s’inscrivent dans un contexte de répression gouvernementale contre les mouvements prodémocratie, les médias et d’autres voix dissidentes, qui s’intensifie depuis début 2020 » en RDC.

  « La détention arbitraire d’Élisée Lwatumba et d’Éric Muhindo nous rappelle l’inquiétante réalité des manifestants pacifiques qui encourent toujours des risques en RD Congo » a déclaré Thomas Fessy, chercheur principal pour la RD Congo à Human Rights Watch.  

Avant leur arrestation, les deux activistes avaient pris part à des manifestations en ville dans le cadre d’un mouvement de grève générale ayant débuté le 5 avril dans les villes de Goma, Beni et Butembo dans la province du Nord-Kivu.  

Les manifestants appelaient les autorités à faire cesser les tueries perpétrées par les groupes armés sur le territoire de Beni et demandaient le départ de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), incapable, selon eux, d’assurer la protection des civils.  

Plus de 1250 civils ont été tués dans les représailles d’une opération militaire « d’envergure » débutée fin octobre 2019 dans la région.  

Un autre membre de Lucha est aussi « détenu arbitrairement à Goma » sur plainte pour diffamation de la Fondation de l’épouse du président Tshisekedi. HRW appelle également à sa libération.