Depuis trois ans, le niveau du lac Tanganyika, le plus important réservoir d’eau douce d’Afrique, a monté de plus de deux mètres, provoquant une catastrophe pour les populations riveraines, notamment au Burundi. Et rien n’indique que la hausse, qui serait attribuable à un phénomène similaire à El Niño, s’arrêtera là.

Des vies chavirées par des eaux qui refusent de se retirer

  • Les rues de Gatumba sont devenues des canaux, à bien des endroits. De nombreuses habitations ont été abandonnées depuis que le niveau du lac Tanganyika a commencé à monter, en 2018. Les habitants du coin ne s’aventurent dans l’eau qu’en cas d’absolue nécessité, craignant la faune qui l’habite. « Nous avons peur des hippopotames et des crocodiles », ont expliqué deux hommes qui transportaient un réfrigérateur au sec. « Là où tu vois des herbes ou des roseaux, c’est un endroit idéal pour eux. »

    PHOTO LANDRY NSHIMIYE, COLLABORATION SPÉCIALE

    Les rues de Gatumba sont devenues des canaux, à bien des endroits. De nombreuses habitations ont été abandonnées depuis que le niveau du lac Tanganyika a commencé à monter, en 2018. Les habitants du coin ne s’aventurent dans l’eau qu’en cas d’absolue nécessité, craignant la faune qui l’habite. « Nous avons peur des hippopotames et des crocodiles », ont expliqué deux hommes qui transportaient un réfrigérateur au sec. « Là où tu vois des herbes ou des roseaux, c’est un endroit idéal pour eux. »

  • Les rues de Gatumba sont devenues des canaux, à bien des endroits. De nombreuses habitations ont été abandonnées depuis que le niveau du lac Tanganyika a commencé à monter, en 2018. Les habitants du coin ne s’aventurent dans l’eau qu’en cas d’absolue nécessité, craignant la faune qui l’habite. « Nous avons peur des hippopotames et des crocodiles », ont expliqué deux hommes qui transportaient un réfrigérateur au sec. « Là où tu vois des herbes ou des roseaux, c’est un endroit idéal pour eux. »

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    Les rues de Gatumba sont devenues des canaux, à bien des endroits. De nombreuses habitations ont été abandonnées depuis que le niveau du lac Tanganyika a commencé à monter, en 2018. Les habitants du coin ne s’aventurent dans l’eau qu’en cas d’absolue nécessité, craignant la faune qui l’habite. « Nous avons peur des hippopotames et des crocodiles », ont expliqué deux hommes qui transportaient un réfrigérateur au sec. « Là où tu vois des herbes ou des roseaux, c’est un endroit idéal pour eux. »

  • Les rues de Gatumba sont devenues des canaux, à bien des endroits. De nombreuses habitations ont été abandonnées depuis que le niveau du lac Tanganyika a commencé à monter, en 2018. Les habitants du coin ne s’aventurent dans l’eau qu’en cas d’absolue nécessité, craignant la faune qui l’habite. « Nous avons peur des hippopotames et des crocodiles », ont expliqué deux hommes qui transportaient un réfrigérateur au sec. « Là où tu vois des herbes ou des roseaux, c’est un endroit idéal pour eux. »

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    Les rues de Gatumba sont devenues des canaux, à bien des endroits. De nombreuses habitations ont été abandonnées depuis que le niveau du lac Tanganyika a commencé à monter, en 2018. Les habitants du coin ne s’aventurent dans l’eau qu’en cas d’absolue nécessité, craignant la faune qui l’habite. « Nous avons peur des hippopotames et des crocodiles », ont expliqué deux hommes qui transportaient un réfrigérateur au sec. « Là où tu vois des herbes ou des roseaux, c’est un endroit idéal pour eux. »

  • Les rues de Gatumba sont devenues des canaux, à bien des endroits. De nombreuses habitations ont été abandonnées depuis que le niveau du lac Tanganyika a commencé à monter, en 2018. Les habitants du coin ne s’aventurent dans l’eau qu’en cas d’absolue nécessité, craignant la faune qui l’habite. « Nous avons peur des hippopotames et des crocodiles », ont expliqué deux hommes qui transportaient un réfrigérateur au sec. « Là où tu vois des herbes ou des roseaux, c’est un endroit idéal pour eux. »

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    Les rues de Gatumba sont devenues des canaux, à bien des endroits. De nombreuses habitations ont été abandonnées depuis que le niveau du lac Tanganyika a commencé à monter, en 2018. Les habitants du coin ne s’aventurent dans l’eau qu’en cas d’absolue nécessité, craignant la faune qui l’habite. « Nous avons peur des hippopotames et des crocodiles », ont expliqué deux hommes qui transportaient un réfrigérateur au sec. « Là où tu vois des herbes ou des roseaux, c’est un endroit idéal pour eux. »

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La route principale qui traverse Gatumba, surélevée, empêchait le lac d’inonder les quartiers du côté opposé, mais l’eau passe par-dessus désormais. La petite ville burundaise est située au nord du lac Tanganyika, entre la principale ville du pays, Bujumbura, et la frontière de la République démocratique du Congo.

  • Certains s’accrochent encore et continuent de vaquer à leurs occupations. « Tant que les gens continuent de passer par ici, je continue mon commerce, mais chaque fois, je suis obligée de tremper les pieds dans l’eau pour aller chercher les oranges pour les clients », conservées à l’ombre, raconte Mami Nzeyimana.

    PHOTO LANDRY NSHIMIYE, COLLABORATION SPÉCIALE

    Certains s’accrochent encore et continuent de vaquer à leurs occupations. « Tant que les gens continuent de passer par ici, je continue mon commerce, mais chaque fois, je suis obligée de tremper les pieds dans l’eau pour aller chercher les oranges pour les clients », conservées à l’ombre, raconte Mami Nzeyimana.

  • Certains s’accrochent encore et continuent de vaquer à leurs occupations. « Tant que les gens continuent de passer par ici, je continue mon commerce, mais chaque fois, je suis obligée de tremper les pieds dans l’eau pour aller chercher les oranges pour les clients », conservées à l’ombre, raconte Mami Nzeyimana.

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    Certains s’accrochent encore et continuent de vaquer à leurs occupations. « Tant que les gens continuent de passer par ici, je continue mon commerce, mais chaque fois, je suis obligée de tremper les pieds dans l’eau pour aller chercher les oranges pour les clients », conservées à l’ombre, raconte Mami Nzeyimana.

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Le lac Tanganyika est le plus important réservoir d’eau douce d’Afrique, avec 18 880 km3. Par sa profondeur, c’est le deuxième lac au monde, avec des fosses atteignant 1470 m. Il est bordé par la République démocratique du Congo (RDC), la Tanzanie, la Zambie et le Burundi, ce dernier étant particulièrement touché par la hausse de son niveau, en raison de la forte densité de la population riveraine. La métropole du pays, Bujumbura, est située au bord du lac.

  • L’extrémité nord du lac Tanganyika, photographiée à partir des hauteurs de Bujumbura, au Burundi. En arrière-plan, on aperçoit les montagnes de la République démocratique du Congo.

    PHOTO LANDRY NSHIMIYE, COLLABORATION SPÉCIALE

    L’extrémité nord du lac Tanganyika, photographiée à partir des hauteurs de Bujumbura, au Burundi. En arrière-plan, on aperçoit les montagnes de la République démocratique du Congo.

  • L’extrémité nord du lac Tanganyika, photographiée à partir des hauteurs de Bujumbura, au Burundi. En arrière-plan, on aperçoit les montagnes de la République démocratique du Congo.

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    L’extrémité nord du lac Tanganyika, photographiée à partir des hauteurs de Bujumbura, au Burundi. En arrière-plan, on aperçoit les montagnes de la République démocratique du Congo.

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Gatumba est doublement frappé par la montée des eaux : celles du lac, mais aussi celles de la rivière Ruzizi, par laquelle le lac Kivu se déverse dans le lac Tanganyika. C’est d’ailleurs dans cette région que le nombre de personnes affectées est le plus élevé, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) : plus de 40 000, sur les 52 000 recensées dans tout ce petit pays grand comme la moitié de la Nouvelle-Écosse, voisin du Rwanda.

Le lac a tellement monté à Gatumba que le camp de déplacés aménagé en 2020 pour héberger les sinistrés des inondations… a lui-même été inondé, en mai. « Ici, on se croyait à l’abri, et voilà encore ce qui nous arrive », se désole Ferdinand Bucumi. Plus de la moitié des 22 500 déplacés en raison de la montée des eaux se trouvent dans la région de Gatumba, selon l’OIM.

« Puisque je n’ai plus d’abri, je suis obligée de traîner avec moi toutes les affaires et nous ne savons pas encore où nous allons dormir ce soir », a expliqué à La Presse Aline Ndagijimana, 35 ans, qui vivait depuis un an avec son mari et leurs deux enfants dans le camp de déplacés.

Le niveau du lac Tanganyika a atteint un sommet de 776,58 m à la mi-mai, explique le topographe Bernard Sindayihebura, professeur à l’Université du Burundi. C’est 2,42 m de plus que le niveau minimum de 2018, souligne-t-il. « La situation dite normale, ici à Bujumbura, c’est 775 m. » Chaque année, depuis 2018, le niveau maximum du lac est plus élevé que celui de l’année précédente, ce qui ravive le mauvais souvenir de la crue historique de 1964, quand le niveau avait atteint 778,08 m. La situation a d’ailleurs donné des sueurs froides aux autorités, qui se sont inquiétées de voir le port de Bujumbura submergé. Le niveau des quais étant à 777 m, il ne restait plus que 42 cm de marge de manœuvre, indique Bernard Sindayihebura.

Dans le quartier populaire de Kibenga-Lac, à Bujumbura, la montée des eaux a donné naissance à un nouveau métier : celui d’écopeur de l’eau qui s’infiltre à travers les digues de fortune. « Au début, nous devions les payer 2000 francs burundais (1,25 $) pour vider les eaux de la maison et de la parcelle », explique Prudent Nsengiyumva, qui embauche maintenant un écopeur sur une base mensuelle. « En plus, nous devons cotiser jusqu’à 50 000 francs (30 $) par semaine pour payer l’entretien et le carburant des motopompes qui doivent repousser l’eau vers le lac. »

  • Les beaux quartiers de Bujumbura ne sont pas épargnés. On pêche, désormais, devant les belles demeures de Kabondo. « Les boss ont quitté les lieux, raconte Bienvenu Niyubahwe, gardien de l’endroit. Ici, ils ne pourraient pas survivre. La nuit, l’eau monte beaucoup. Il y a aussi des problèmes avec les sanitaires, c’est invivable. Pour nous, ce n’est pas grave, nous sommes habitués à des conditions plus dures. »

    PHOTO LANDRY NSHIMIYE, COLLABORATION SPÉCIALE

    Les beaux quartiers de Bujumbura ne sont pas épargnés. On pêche, désormais, devant les belles demeures de Kabondo. « Les boss ont quitté les lieux, raconte Bienvenu Niyubahwe, gardien de l’endroit. Ici, ils ne pourraient pas survivre. La nuit, l’eau monte beaucoup. Il y a aussi des problèmes avec les sanitaires, c’est invivable. Pour nous, ce n’est pas grave, nous sommes habitués à des conditions plus dures. »

  • Les beaux quartiers de Bujumbura ne sont pas épargnés. On pêche, désormais, devant les belles demeures de Kabondo. « Les boss ont quitté les lieux, raconte Bienvenu Niyubahwe, gardien de l’endroit. Ici, ils ne pourraient pas survivre. La nuit, l’eau monte beaucoup. Il y a aussi des problèmes avec les sanitaires, c’est invivable. Pour nous, ce n’est pas grave, nous sommes habitués à des conditions plus dures. »

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    Les beaux quartiers de Bujumbura ne sont pas épargnés. On pêche, désormais, devant les belles demeures de Kabondo. « Les boss ont quitté les lieux, raconte Bienvenu Niyubahwe, gardien de l’endroit. Ici, ils ne pourraient pas survivre. La nuit, l’eau monte beaucoup. Il y a aussi des problèmes avec les sanitaires, c’est invivable. Pour nous, ce n’est pas grave, nous sommes habitués à des conditions plus dures. »

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Certains habitants de Kabondo tentent de limiter les dégâts. « Il nous a fallu trois mois de travail pour construire cette digue et nous comptons en hausser le niveau. Il faut aussi renvoyer l’eau vers le lac à l’aide des motopompes, nuit et jour », explique Georges Bizoza.

La situation est similaire dans le quartier de Kajaga, qui signifie « zone gorgée d’eau », en kirundi, la langue nationale, où l’eau ne s’évacue plus. Ce quartier est d’ailleurs voisin de l’aéroport international Melchior-Ndadaye, du nom du premier président désigné démocratiquement et assassiné en 1993.

La montée des eaux touche aussi les zones rurales, où les cultures vivrières et les élevages sont durement touchés. « Les vaches dorment dans de très mauvaises conditions et elles deviennent vulnérables aux maladies comme la theilériose et aux parasites intestinaux. C’est pour ça qu’elles sont maigres », s’alarment deux éleveurs croisés près de Gatumba. « Il faut trouver une solution, sinon nous allons les perdre. »

« Il y a beaucoup de problèmes : des glissements de terrain, l’effondrement des digues, les cultures de coton, de riz et les plantations vivrières abandonnées par les paysans, énumère Bernard Sindayihebura. Sincèrement, la liste serait interminable. Le pays est en crise. »

Le débordement en chiffres

7996 maisons inondées

1934 maisons totalement détruites

52 182 personnes touchées

22 580 personnes déplacées

Source : Organisation internationale pour les migrations

Niveau maximal annuel du lac Tanganyika

Niveau normal : 775,00 m

2018 : 775,34 m

2019 : 775,24 m

2020 : 776,10 m

2021 : 776,58 m

Source : Bernard Sindayihebura, professeur à l’Université du Burundi

La faute à l’« El Niño indien »

Un phénomène météorologique surnommé l’« El Niño indien » pourrait expliquer la hausse extraordinaire du niveau du lac Tanganyika et des autres Grands Lacs africains.

L’hypothèse la plus probable pour expliquer la hausse actuelle du lac Tanganyika, qui survient simultanément à celle d’autres Grands Lacs africains, serait le « dipôle de l’océan Indien ».

  • Une femme vient puiser de l’eau dans le lac Tanganyika, à Rumonge. Cette ville du sud du Burundi est durement touchée par la montée des eaux. Le rivage a reculé de 100 m par endroits. Ici, il y a peu, la rive se trouvait là où sont amarrées les embarcations de pêche qu'on aperçoit au loin.

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    Une femme vient puiser de l’eau dans le lac Tanganyika, à Rumonge. Cette ville du sud du Burundi est durement touchée par la montée des eaux. Le rivage a reculé de 100 m par endroits. Ici, il y a peu, la rive se trouvait là où sont amarrées les embarcations de pêche qu'on aperçoit au loin.

  • La montée des eaux a durement touché la ville de Rumonge, dans le sud du Burundi. Son port, l’un des deux seuls du pays avec celui de Bujumbura, a été submergé. Le rivage a reculé de 100 m par endroits. Ici, il y a peu, la rive se trouvait là où sont amarrées les embarcations de pêche qu’on aperçoit au large.

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    La montée des eaux a durement touché la ville de Rumonge, dans le sud du Burundi. Son port, l’un des deux seuls du pays avec celui de Bujumbura, a été submergé. Le rivage a reculé de 100 m par endroits. Ici, il y a peu, la rive se trouvait là où sont amarrées les embarcations de pêche qu’on aperçoit au large.

  • Certains ont entrepris de démanteler leurs maisons pour récupérer les matériaux.

    PHOTO LANDRY NSHIMIYE, COLLABORATION SPÉCIALE

    Certains ont entrepris de démanteler leurs maisons pour récupérer les matériaux.

  • D’autres ont aménagé des installations de fortune pour continuer d’habiter leur demeure, même inondée.

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    D’autres ont aménagé des installations de fortune pour continuer d’habiter leur demeure, même inondée.

  • Un garçon vide un seau d’eaux usées dans la rue inondée. Ceux qui choisissent de rester malgré la montée des eaux sont aux prises avec les conséquences de l’eau stagnante. « Auparavant, des volontaires de la Croix-Rouge venaient régulièrement désinfecter les eaux, mais ça fait quelques jours qu’ils ne sont pas venus et nous craignons beaucoup pour notre santé, affirme Zakiya Kabura. Nous avons des champignons sur les pieds du fait de rester longtemps dans l’eau. » Cette mère de 10 enfants espère avoir une place dans le centre d’accueil de la ville, « sinon personne n’accepterait d’accueillir chez soi une famille aussi nombreuse », dit-elle.

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    Un garçon vide un seau d’eaux usées dans la rue inondée. Ceux qui choisissent de rester malgré la montée des eaux sont aux prises avec les conséquences de l’eau stagnante. « Auparavant, des volontaires de la Croix-Rouge venaient régulièrement désinfecter les eaux, mais ça fait quelques jours qu’ils ne sont pas venus et nous craignons beaucoup pour notre santé, affirme Zakiya Kabura. Nous avons des champignons sur les pieds du fait de rester longtemps dans l’eau. » Cette mère de 10 enfants espère avoir une place dans le centre d’accueil de la ville, « sinon personne n’accepterait d’accueillir chez soi une famille aussi nombreuse », dit-elle.

  • Partout où l’eau s’infiltre s’invite la jacinthe d’eau, l’une des plantes envahissantes les plus néfastes du monde. Originaire d’Amérique du Sud, cette plante aquatique produisant de jolies fleurs peut doubler de superficie tous les 12 jours, empêchant la navigation et asphyxiant les plans d’eau où elle s’établit.

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    Partout où l’eau s’infiltre s’invite la jacinthe d’eau, l’une des plantes envahissantes les plus néfastes du monde. Originaire d’Amérique du Sud, cette plante aquatique produisant de jolies fleurs peut doubler de superficie tous les 12 jours, empêchant la navigation et asphyxiant les plans d’eau où elle s’établit.

  • Cet homme pêche dans… la cour d’une école. L’établissement a dû évacuer ses 134 pensionnaires en raison de la montée des eaux.

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    Cet homme pêche dans… la cour d’une école. L’établissement a dû évacuer ses 134 pensionnaires en raison de la montée des eaux.

  • Le lac Tanganyika refoule dans le ruisseau Mugerangabo, à Rumonge.

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    Le lac Tanganyika refoule dans le ruisseau Mugerangabo, à Rumonge.

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Ce phénomène, qui s’apparente à celui d’El Niño, fait varier les températures de surface de l’océan Indien, provoquant « des pluies exceptionnelles » sur l’est du continent africain, explique le professeur Pierre Camberlin, de l’Université de Bourgogne, à Dijon, en France, coauteur d’une étude sur la variation interannuelle du bilan hydrique du lac Tanganyika.

IMAGE FOURNIE PAR PIERRE CAMBERLIN DE L’UNIVERSITÉ DE BOURGOGNE

Légende

La crue de 1964 avait d’ailleurs été précédée par un dipôle de l’océan Indien, en 1961, souligne le professeur Camberlin.

Le plus récent dipôle, survenu en 2019, a été « particulièrement intense », note le professeur, et a été suivi de saisons anormalement pluvieuses.

« L’effet cumulatif » de ces précipitations se fait ressentir durant des années, notamment parce que le contrôle du niveau du lac Tanganyika se fait principalement par évapotranspiration ; seulement 15 % des « pertes » du lac passent par son exutoire, la rivière Lukuga, un affluent du fleuve Congo.

Bon an, mal an, le niveau fluctue d’environ 70 cm, entre la fin de la saison sèche, où il est à son plus bas, et la fin de la saison des pluies, où il est à son plus haut.

Le niveau du lac, qui a perdu 6 cm depuis sa pointe de la mi-mai, en ce début de saison sèche, pourrait donc être encore au-dessus de la normale lorsque reviendra la saison des pluies.

Et la crise climatique menace d’aggraver la situation à l’avenir, croient les professeurs Pierre Camberlin et Bernard Sindayihebura.

Les projections montrent que le dipôle de l’océan Indien devrait devenir « plus intense » avec le réchauffement de la planète, indique le premier, tandis que le second observe déjà un dérèglement du régime pluviométrique au Burundi, où quatre des cinq cas de « pluie journalière extrême » des 60 dernières années sont survenus depuis 2006.