(Paris) Les pays africains, européens et d’autres continents ainsi que les organisations internationales présentes au Sommet sur les économies africaines organisé mardi à Paris demandent la levée des brevets des vaccins anti-COVID-19, afin de permettre la production de vaccins en Afrique, a annoncé Emmanuel Macron.

« Nous soutenons les transferts de technologie et un travail qui a été demandé à l’OMS, l’OMC et au Medicines Patent Pool (soutenue par l’ONU, NDLR) de lever toutes les contraintes en termes de propriété intellectuelle qui bloquent la production de quelque type de vaccins que ce soit », a déclaré le président français à l’issue de la conférence.

Ce sommet a réuni en présentiel les dirigeants ou représentants d’une vingtaine de pays africains, de plusieurs pays européens et de l’UE, mais aussi de Chine, des États-Unis, du Japon, du Canada et d’États du Golfe, l’ONU et les principales organisations financières internationales, dont le FMI et la Banque mondiale.

Le président français, hôte du sommet, a souligné que les participants avaient décidé une « initiative très forte pour produire massivement des vaccins en Afrique et donc de développer, par des partenariats de financement et industriels, une capacité à produire en Afrique des vaccins de type adénovirus, protéines recombinées et ARN messager, dans les prochaines semaines ».

Il a évoqué notamment « des financements de la Banque mondiale ».

Cette annonce confirme un soutien international à la levée des brevets sur les vaccins, réclamée notamment par l’Inde et l’Afrique du Sud, après l’appel en ce sens du président américain Joe Biden, auquel l’Europe a emboîté le pas, malgré l’opposition des laboratoires pharmaceutiques.

Enveloppe de 50 milliards

Étant donné le temps nécessaire à installer des sites de production, Emmanuel Macron a expliqué qu’à court terme les participants au sommet avaient convenu de « pousser l’ambition de Covax (organisation de distribution de vaccins aux pays pauvres) de 20 % à 40 % de personnes vaccinées en Afrique » grâce à des transferts de doses.

Nous allons donc « donner mandat au Fonds monétaire international pour regarder comment mobiliser plus de financements, c’est une enveloppe totale de 50 milliards environ qu’il faut mobiliser pour réussir cela », a expliqué M. Macron.  

L’objectif est « d’utiliser une partie des Droits de tirage spéciaux du FMI et de les flécher sur ce mécanisme, pour dès le mois de juillet (distribuer) les doses en surnombre dans les pays riches », « afin d’atteindre 40 % d’Africaines et d’Africains vaccinés à l’issue de l’année 2021 ».  

« C’est un objectif qu’on peut atteindre si on mobilise ces financements et si nous nous organisons », a-t-il conclu.

Le président congolais Félix Tshisekedi a souligné l’importance d’une production du vaccin en Afrique pour contrer les campagnes complotistes anti-vaccin.

« Si le produit vient d’Afrique, cela aura un impact positif » contre « le travail de sape des réseaux sociaux qui ont diabolisé la vaccination en la faisant passer pour un complot international pour exterminer le peuple africain », a-t-il averti.

« Il faut faire une contre-sensibilisation », sous peine de « risque d’un nouveau variant » venant d’Afrique, plus résistant, qui menacerait la planète, a-t-il souligné.

« Nous avons reçu 1,6 million de doses, on n’a réussi à vacciner que 10 000 personnes et pour la plupart des expatriés », s’est-il désolé, citant le cas de la RDC.