(Kampala) Un juge a statué lundi que les forces de sécurité ougandaises ne pouvaient pas assigner à résidence l’opposant Bobi Wine, rabrouant les autorités pour avoir maintenu le candidat à la présidence en résidence surveillée à la suite d’une élection dont les résultats officiels sont contestés.

Bobi Wine, de son vrai nom Kyagulanyi Ssentamu, n’a pas pu quitter son domicile depuis le 14 janvier, jour d’une élection dans le cadre de laquelle le chanteur devenu politicien était le principal adversaire du président Yoweri Museveni. Les autorités ougandaises ont affirmé que Bobi Wine ne pouvait quitter son domicile en périphérie de la capitale, Kampala, que sous escorte militaire, car elles craignent que sa présence en public n’incite à des émeutes.

Mais le juge a déclaré dans sa décision que le domicile de Bobi Wine ne constituait pas un établissement de détention approprié et a souligné que les autorités devraient l’inculper au criminel s’il pose vraiment une menace à l’ordre public.

Dans un message transmis sur Twitter, l’ambassade des États-Unis a affirmé que la décision du juge soulignait « le rôle d’un système judiciaire impartial », ajoutant que Washington appelait les forces de sécurité à respecter cette décision.

Les proches de Bobi Wine se sont félicités de la victoire dans la salle d’audience, mais il reste à voir si les autorités respecteront l’ordre du juge dans ce pays d’Afrique de l’Est où des ordres similaires ont été ignorés dans de nombreux cas.

La police ougandaise a déclaré aux journalistes lundi qu’elle s’éloignerait de la résidence de Bobi Wine, mais continuerait à surveiller le secteur. Mais Bobi Wine a dit quelques heures après la décision du tribunal que les soldats encerclaient toujours sa maison, « bloquant l’accès à tous ».

« Peut-être (comme toujours) qu’elle attend les ordres du général Museveni sur la prochaine marche à suivre », a-t-il écrit sur Twitter.

M. Museveni a remporté l’élection avec 58 % des voix, tandis que Bobi Wine a obtenu 34 % des suffrages exprimés, selon les résultats officiels. L’opposant dit avoir remporté l’élection et soutient qu’il peut démontrer que l’armée remplissait des urnes, déposait des bulletins et chassait des électeurs de bureaux de vote.

M. Museveni, président de la République depuis 1986, a été déclaré vainqueur pour un sixième mandat consécutif.

Bobi Wine a accusé M. Museveni d’avoir organisé un « coup d’État » lors de l’élection et exhorte ses partisans à protester contre son revers par des moyens non violents. Mais il a affirmé dans un communiqué vendredi qu’il pourrait renoncer à aller devant les tribunaux pour contester les résultats officiels en raison des craintes qu’un éventuel revers ne valide la victoire de M. Museveni. Il a dit qu’il annoncerait une décision « dans quelques jours ».

Ottawa a demandé la semaine dernière la libération du principal leader de l’opposition.

Le gouvernement canadien se dit « profondément préoccupé » par la situation politique en Ouganda, mais n’a pas l’intention de suspendre l’envoi occasionnel d’un avion militaire dans ce pays, en appui aux missions de maintien de la paix de l’ONU dans la région.

Le gouvernement précise que l’entente a été conclue avec l’ONU et non avec le gouvernement ougandais.

Le Canada demande à ce que les membres de l’opposition soient libérés et que des enquêtes soient ouvertes sur les allégations de fraude électorale.

Avec La Presse Canadienne