(Ouagadougou) Un nouveau massacre a été perpétré samedi au Burkina dans un marché du village de Silgadji, dans le nord du pays, où des hommes ont été abattus après avoir été séparés des femmes, dans une région régulièrement ciblée par des attaques djihadistes.  

Le bilan de cette attaque est impossible à établir dans l’immédiat. Plusieurs témoignages évoquent « près de cinquante morts », tandis qu’une source sécuritaire a évoqué de son côté une attaque djihadiste qui a fait « 10 à 30 morts ». Le bilan des victimes « est difficile à établir car ce sont des chiffres avancés par des personnes ayant fui la localité », a ajouté cette source.

Deuxième massacre en une semaine

Ce massacre intervient moins d’une semaine après l’attaque des villages de Nagraogo et Alamou un peu plus au sud dans la province de Sanmatenga. Les assaillants avaient tiré dans le marché tuant 36 personnes, tous des civils.  

Un habitant de Bourzanga, ville où ont fui des habitants de Silgadji, a recueilli aujourd’hui des témoignages effrayants.

« Selon les habitants (de Silgadji) qui sont arrivés (dimanche), les attaques ont eu lieu depuis le samedi. Les terroristes ont encerclé les populations au marché du village, avant de les séparer en deux groupes. Les hommes ont été exécutés et les femmes sommées de quitter le village », a déclaré lundi à l’AFP par téléphone cet habitant.

« Les terroristes, selon les habitants, ne sont pas partis. Les groupes armés sont toujours dans les environs de Silgadji et Naguèré. Hier lundi, ils étaient encore dans Silgadji et ses environs où ils ont vandalisé des installations téléphoniques », a poursuivi cette source.

Des membres des forces de sécurité progresseraient vers le village, à un rythme lent en raison des craintes que les accès aient été minés, selon un témoin.

Convoi militaire décimé par une bombe placée sur la route

Par ailleurs, six militaires burkinabè ont été tués mardi lors d’une embuscade dans la province de la Kompienga, dans l’Est, selon des sources sécuritaires, précisant que plusieurs soldats sont portés disparus.

« Une patrouille du détachement militaire de Madjoari a sauté sur un engin explosif sur l’axe menant à Pama », a déclaré à l’AFP une source sécuritaire. L’explosion a été suivie de tirs.

« Au cours de cette attaque combinée, six soldats ont perdu la vie », a ajouté cette source.  

« Plusieurs militaires sont portés disparus », a indiqué une autre source sécuritaire, soulignant que « des renforts terrestres et aériens ont été déployés » dans la zone.  

« Les ratissages sont en cours pour retrouver les militaires portés disparus d’une part et d’autre part traquer les assaillants », a-t-elle souligné.

Crise humanitaire

Le Burkina Faso, frontalier du Mali et du Niger, est confronté à des attaques djihadistes qui ont fait près de 800 morts depuis 2015.

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de sécurité burkinabè n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences malgré l’aide de militaires étrangers, notamment français. Paris a déployé 4500 hommes dans le Sahel dans le cadre de l’opération antidjihadiste Barkhane.

Selon l’ONU, les attaques djihadistes au Mali, au Niger et au Burkina ont fait 4000 morts en 2019.

Ces attaques ont provoqué une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés et réfugiés qui fuient les violences.

« C’est la crise humanitaire qui grossit la plus vite au monde. En févier 2019, il y avait 60 000 déplacés au Burkina. Il doit y en avoir plus de 600 000 aujourd’hui. Les gens ont peur », a souligné lundi Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) en visitant Barsalogho, petite ville du centre-nord du Burkina Faso, région où sont rassemblés environ 270 000 déplacés et réfugiés.

Le nombre total de déplacés « devrait atteindre 900 000 personnes d’ici avril de cette année, alors que les violences continuent de contraindre des familles à quitter leur foyer », a estimé M. Egeland,  ancien secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des affaires humanitaires.