Plusieurs milliers de travailleurs ont manifesté lundi au Nigeria contre la hausse de 45 % du prix de l'électricité, une mesure «anti-pauvres», selon eux.

La manifestation, organisée par les deux principales organisations syndicales du pays, est la première du genre depuis l'arrivée au pouvoir du président Muhammadu Buhari l'année dernière.

À Abuja, la capitale, les manifestants ont entonné des slogans comme «Non aux mesures économiques anti-pauvres» en marchant jusqu'à l'Assemblée nationale, après s'être réunis devant les bureaux de la compagnie nationale d'électricité.

Une manifestation similaire a été organisée à Lagos, la capitale économique.

Ayuba Wabba, président du Congrès nigérian du travail (NLC), un des deux syndicats à l'initiative du mouvement, s'est dit très déçu par la Comission nationale de régulation de l'électricité, accusée de jouer le jeu des entreprises de production et de distribution d'électricité.

«Nous traversons une situation économique très difficile, et il est vraiment dur pour les Nigérians d'avaler cette pilule au goût amer (...) le prix (de l'électricité) devrait être maintenu», a-t-il déclaré au président du Sénat, Bukola Saraki, lors d'un entretien.

Le ministre de l'Électricité, Babatunde Fashola, a expliqué la semaine dernière que cette hausse de prix avait pour but d'améliorer la production d'électricité, dans un pays qui en est parfois privé pendant des journées entières.

«La meilleure façon de s'assurer que nous avons du courant est de faire appliquer cette grille tarifaire», a-t-il déclaré devant le Parlement.

La production d'électricité a atteint, la semaine dernière, un record de 5074 mégawatts. Ces dix dernières années, la production journalière se situait plutôt entre 1500 et 3500 mégawatts, dans le pays le plus peuplé d'Afrique (170 millions d'habitants), obligeant les foyers et les entreprises à s'équiper de générateurs électriques coûteux et gourmands en diesel.

Cette hausse du prix de l'électricité tombe en pleine crise économique, la première puissance pétrolière du continent étant touchée de plein fouet par la chute des cours mondiaux de l'or noir, ce qui a asséché les caisses de l'État et les réserves en devise et affaibli le naira, la monnaie locale, et engendré une hausse du coût de la vie.