Le Sénat de la République démocratique du Congo a voté mardi à l'unanimité, mais sans l'opposition qui a boycotté la séance, une loi sur la répartition des sièges, nécessaire pour l'organisation d'élections locales contestées prévues en octobre.

Sur les 108 sénateurs de la chambre haute, 77 étaient présents pour voter le texte.

Ils ont adopté à l'unanimité les différents articles de la loi en quelques minutes, à l'occasion d'une nouvelle session extraordinaire, uniquement destinée au vote de ce texte et qui devait se clôturer au plus tard le 9 septembre.

«Il ne fallait pas mettre des obstacles à l'organisation des élections. Nous devions absolument voter la loi pour que les élections puissent être organisées» dans les temps, a déclaré à l'AFP après le vote Eugène Lombeya Bosongo, qui a participé au vote.

«Ceux qui ont voté à l'unanimité sont les membres de la majorité ou leurs alliés. On a imposé au Sénat de voter cette loi. Cela prouve qu'il n'y a pas de séparation de pouvoir entre l'exécutif et le pouvoir législatif. C'est inadmissible», a déclaré à l'AFP le sénateur Florentin Mokonda Bonza, président de Convention des démocrates chrétiens (opposition).

Le projet de loi sur la répartition des sièges pour les élections municipales et locales avait été rejeté en juin en première lecture par les députés de la majorité et de l'opposition qui avaient renvoyé au gouvernement sa copie, estimant que le texte était bâclé.

Une fois le texte remanié, une session parlementaire extraordinaire a été fixée du 2 juillet au 2 août. Les députés ont adopté le texte, mais, au Sénat, le vote a été invalidé, car le quorum d'élus n'avait pas été atteint. Une nouvelle session extraordinaire a ainsi été convoquée.

Cette session était jugée anticonstitutionnelle par des opposants, qui ont appelé au boycott des travaux.

La RDC traverse une crise politique depuis la présidentielle de 2011, marquée par des fraudes massives, qui a reconduit à la tête de l'État Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001. Depuis, aucune des élections prévues - dont les locales, instituées par la Constitution de 2006 - n'a été tenue.

Les élections locales, qui seraient une première dans l'ancienne colonie belge, doivent donner le coup d'envoi d'un cycle de scrutins qui doit s'achever en novembre 2016 avec la présidentielle, à laquelle M. Kabila ne peut pas se représenter.

Organiser ces locales relève du défi: le pays est immense et manque d'infrastructures, et sa moitié Est souffre de l'activisme de dizaines de groupes armés, compliquant l'accès à certaines zones, parfois très enclavées.

L'opposition a réclamé leur report après 2016, estimant qu'elles ne pourront se tenir à temps et retarderont les autres scrutins, y compris la présidentielle, ce qui permettrait au chef de l'État de rester en poste au-delà de la fin de son deuxième mandat.

Certains membres de la majorité redoutent ce scénario et s'opposent au report de la présidentielle. La communauté internationale a pour sa part insisté à plusieurs reprises sur l'importance de respecter les «délais constitutionnels» pour l'organisation de cette élection majeure.

Dans un entretien publié lundi par le quotidien Forum des As, Charles Mwando Nsimba, premier vice-président de l'Assemblée nationale et chef de l'Union nationale des démocrates fédéralistes (Unadef, majorité), a estimé que la Commission électorale nationale indépendante (Céni) «peut tenir son calendrier si seulement on reportait les locaux».