Un accrochage entre miliciens anti-balaka et soldats de la force africaine (MISCA) en Centrafrique a fait onze morts dans le village de Cantonnier, frontalier avec le Cameroun, dans l'ouest de la RCA, selon un communiqué de la MISCA mardi.

Selon le communiqué, un convoi de civils escorté par la MISCA a «essuyé une attaque d'éléments armés du groupe dit des anti-balaka» samedi, entraînant une riposte «en position de légitime défense» dont le bilan «est de 11 assaillants armés neutralisés et 12 civils légèrement blessés».

Plus tôt mardi, une source de gendarmerie avait fait état de «huit morts» dans l'accrochage, qui s'est déroulé sur un point de contrôle des anti-balaka vers la frontière avec le Cameroun, et auquel la force africaine a refusé de se soumettre.

«Il y a eu des échanges de tirs entre la MISCA et les anti-balaka à Cantonnier. Cela s'est passé dimanche. Le bilan provisoire fait état de huit morts : deux anti-balaka et six civils», avait affirmé à l'AFP une source au commandement de groupement de la gendarmerie de Bouar (ouest).

«Il y a eu un incident entre nos éléments et un groupe d'individus qui seraient effectivement des anti-balaka, vers la frontière avec le Cameroun, dont les circonstances ne sont pas encore bien connues», a confirmé une source à la MISCA, soulignant qu'«aucun élément de la MISCA n'a été touché au cours de cet incident».

Selon la source à la gendarmerie, l'accrochage a débuté sur un point de contrôle des anti-balaka auquel une patrouille de la MISCA a refusé de se soumettre.

La lutte contre les anti-balaka, auxquels la présidente de transition Catherine Samba Panza a promis de «faire la guerre», est devenue l'une des priorités pour la force internationale.

La milice anti-balaka, composée en majorité de chrétiens, a pris les armes l'été dernier se livrant à des représailles contre les civils musulmans, accusés de complicité avec l'ex-rébellion Séléka, qui avait pris le pouvoir en mars 2013, avant la démission forcée de son chef Michel Djotodia en janvier.

Si la situation sécuritaire a tendance à s'améliorer dans la capitale centrafricaine, certaines régions du pays sont régulièrement le théâtre de violences meurtrières.

Selon Florent Geel, directeur Afrique de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) en mission à Bangui, trois attaques imputées par des sources locales à d'ex-rebelles Séléka ont été menées contre Bang (ouest) depuis le 13 février, faisant au moins 22 morts.

«Le 13 février, une première attaque a fait 14 morts. Le lendemain, les assaillants ont pillé des bâtiments administratifs et des centres de culte», a déclaré à l'AFP M. Geel.

D'autres sources locales ont attribué les violences à des hommes de l'ancien chef rebelle tchadien Abdel Kader Baba Laddé dont les combattants, en déroute depuis 2012, se sont repliés dans l'ouest du pays, certains d'entre eux ayant également rejoint les rangs de la Séléka.

«Dimanche matin, on a entendu des tirs à plusieurs endroits de Bang. Les hommes de Baba Laddé se sont mis à tirer en l'air, provoquant la débandade», a affirmé à l'AFP Martin Himi Dana, un agriculteur de la région joint par téléphone.

«Sur le champ, on a dénombré deux morts. Ils ont arrêté sept autres personnes et les ont forcées à partir avec eux. Les corps de ces sept personnes portant des traces de balles ont été découverts hier à quelques kilomètres de Bang», a assuré cet agriculteur.