Le raid américain mené samedi en Somalie visait un dirigeant kényan des islamistes shebab, a précisé un haut responsable américain lundi, au moment où Washington défendait la capture, en Libye, d'un chef présumé d'Al Qaïda, vivement critiquée par Tripoli.

Le raid en Somalie visait le Kényan d'origine somalienne Abdulkadir Mohamed Abdulkadir, un dirigeant du groupe islamiste shebab surnommé «Ikrima», qui était «un commandant des combattants étrangers pour les shebab en Somalie», a indiqué à l'AFP sous couvert d'anonymat ce haut responsable américain.

Le résultat de l'opération n'est toutefois pas clair : «L'opération ne s'est pas soldée par la capture d'Ikrima», s'est contenté de déclarer le porte-parole du Pentagone, George Little.

Selon certains médias, Abdulkadir Mohamed Abdulkadir a été tué, mais que les soldats d'élite américains ont dû quitter les lieux avant de pouvoir confirmer son décès.

«Les soldats américains ont conduit cette opération avec une précision sans égale et ont démontré que les États-Unis pouvaient appliquer une pression directe sur les dirigeants des shebab à tout moment», a ajouté M. Little.

Un des membres dirigeants des shebab, Moalim Abdirahman Abu-Isa, a de son côté confirmé qu'un de ses combattants avait été tué, sans préciser son identité, et a affirmé que plusieurs soldats américains avaient été blessés au cours de l'assaut : «Trois combattants moujahidines, dont un frère non somalien, se trouvaient dans la maison quand elle a été attaquée (...) Ils ont touché plusieurs ennemis et un des moujahidines» a été tué.

«Ikrima» était associé «avec les militants d'Al-Qaïda Harun Fazul et Saleh Nabhan, aujourd'hui décédés, qui ont joué des rôles dans l'attentat à la bombe contre l'ambassade (des États-Unis) à Nairobi en 1998 et les attaques de Mombasa (Kenya) en 2002», a précisé le haut responsable américain.

Washington avait auparavant dit s'en être pris à un «terroriste shebab connu» lors d'un raid samedi dans le port somalien de Barawe, situé à quelque 180 km au sud de la capitale Mogadiscio, sans donner le résultat de cette opération.

Le porte-parole des shebab, Abdulaziz Abu Musab, a toutefois contesté les informations du responsable américain auprès de l'AFP, assurant qu'il «n'y avait pas de combattants étrangers ou de commandants à Barawe quand ils ont attaqué», et que les Américains «cherchaient quelqu'un qui n'existait pas».

«Enlèvement», selon Tripoli

Ce raid, deux semaines après l'assaut meurtrier revendiqué par les shebab - «les jeunes», en arabe - contre le centre commercial Westgate de Nairobi, était le plus important mené par les États-Unis en Somalie depuis celui de 2009 lors duquel Saleh Nabhan avait été tué.

Le premier ministre somalien Abdi Farah Shirdon a approuvé l'opération, indiquant que son pays coopérait «avec des partenaires internationaux dans la lutte contre le terrorisme».

Tripoli en revanche a de son côté sévèrement critiqué une autre opération des forces américaines, également menée samedi, en Libye et qui a abouti à la capture d'un chef présumé d'Al-Qaïda, Abou Anas al-Libi, qualifiée par les autorités libyennes «d'enlèvement».

Ce dernier, de son vrai nom Nazih Abdul Hamed al-Raghie, a été membre du Groupe islamique de combat libyen (Gicl) avant de rejoindre Al-Qaïda. Il était recherché par les États-Unis pour son rôle dans les attentats meurtriers de 1998 contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya qui avaient fait plus de 200 morts.

Lundi en Indonésie, le secrétaire d'État américain, John Kerry, a défendu la capture d'al-Libi. Les États-Unis font «tout ce qui est en leur pouvoir et qui est approprié et légal» pour mettre fin à la menace terroriste, a déclaré M. Kerry en marge du sommet de l'Asie-Pacifique.

Le ministre a refusé toutefois d'indiquer si Tripoli avait été informé ou non.

La Libye a qualifié la capture d'Abou Anas al-Libi d'«enlèvement» et assuré ne pas avoir été préalablement informée. Tripoli a dit avoir «contacté les autorités américaines pour leur demander des explications», rappelant être lié à Washington par un «partenariat stratégique».

Abou Anas al-Libi, qui figurait sur la liste des personnes les plus recherchées par le FBI, a été transporté à bord d'un navire de guerre de l'US Navy se trouvant dans la région, où il a été interrogé.

M. Kerry a souligné qu'Abou Anas avait commis des «actes terroristes» et qu'il avait été «dûment inculpé par des tribunaux dans le cadre d'un processus judiciaire».

Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel a expliqué, dans un communiqué dimanche, qu'Abou Anas était «détenu par les États-Unis».

Il pourrait être extradé vers les États-Unis.