Mahmoud Ahmadinejad a entamé mardi au Caire la première visite d'un président iranien en Égypte depuis 34 ans, par un entretien protocolaire avec son homologue égyptien Mohamed Morsi sur la guerre en Syrie et la normalisation entre les deux pays.

M. Ahmadinejad, qui doit assister au 12e sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) prévu mercredi et jeudi au Caire, a été accueilli au pied de la passerelle de l'avion par le chef d'État égyptien, selon les images retransmises par la télévision d'État.

Les deux présidents ont eu un entretien à l'aéroport sur «les moyens de régler la crise syrienne pour mettre fin à l'effusion du sang, sans intervention militaire» et sur «les moyens de renforcer les relations entre l'Égypte et l'Iran», selon l'agence officielle Mena.

M. Ahmadinejad, président du plus grand pays musulman chiite, devait se rendre se rendre dans l'après-midi au siège d'Al-Azhar, la prestigieuse institution théologique de l'islam sunnite, selon des sources d'Al-Azhar.

Aucune autre indication officielle n'a été donnée sur le reste du programme de M. Ahmadinejad.

L'Égypte et l'Iran, membres de l'OCI, n'entretiennent pas de relations diplomatiques, rompues par Téhéran pour protester contre les accords de paix israélo-égyptiens conclus en 1979 par le président égyptien de l'époque Anouar al-Sadate.

Les deux pays ne disposent depuis que de sections d'intérêts dans leurs capitales respectives.

À son départ de Téhéran, M. Ahmadinejad a émis l'espoir que sa visite ouvrirait la voie à une reprise des relations bilatérales. «Je vais essayer d'ouvrir la voie au développement de la coopération entre l'Iran et l'Égypte», a-t-il dit.

Ce déplacement va «sans conteste influencer les liens bilatéraux», a-t-il estimé, ajoutant que «si Téhéran et Le Caire se voient plus souvent seul à seul sur les questions régionales et internationales, beaucoup d'équations vont changer».

L'Iran et l'Égypte s'opposent sur plusieurs dossiers régionaux notamment sur la crise syrienne, Téhéran soutenant le régime du président Bachar al-Assad et le Caire appelant à son départ.

Depuis l'élection en juin 2012 de M. Morsi, premier président islamiste et civil d'Égypte, plus d'un an après la chute du régime de Hosni Moubarak renversé par une révolte populaire, l'Iran a souhaité normaliser ses relations avec Le Caire, mais le nouveau pouvoir égyptien fait montre de prudence.

En août, M. Morsi s'était rendu à Téhéran où il avait assisté à un sommet des pays Non-alignés, effectuant alors la première visite en Iran d'un chef d'État égyptien depuis la révolution islamique iranienne de 1979.

À l'occasion de la visite de M. Ahmadinejad, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Mohamed Kamel Amr, a assuré mardi qu'un rapprochement de son pays avec l'Iran ne se ferait «pas aux dépens de la sécurité» des monarchies arabes du Golfe.

«La sécurité des États (arabes) du Golfe fait partie intégrante de celle de l'Égypte», a-t-il dit en marge d'une réunion préparatoire du sommet de l'OCI.

Les relations entre les monarchies du Golfe et l'Iran sont tendues, Téhéran étant soupçonné de soutenir en sous-main la contestation chiite à Bahreïn et de chercher à se doter de l'arme atomique.