Une société minière canadienne rejette les conclusions d'un rapport de l'organisme Human Rights Watch (HRW) selon lequel elle est à risque d'employer des travailleurs forcés dans une mine d'or en Érythrée.

Dans un rapport rendu public hier, l'organisme non gouvernemental de défense des droits de la personne décrit comment la société canadienne Nevsun Resources, installée à Vancouver, a eu recours à des travailleurs conscrits par l'entremise d'un sous-traitant vers le début de son projet, en 2009.

Selon le rapport, l'entreprise Segen, qui appartient au parti au pouvoir dans ce pays africain - qui fait d'ailleurs l'objet de sanctions internationales -, emploie des travailleurs conscrits dans le cadre du programme de service national.

«Initialement conçu comme un programme de 18 mois, le régime du service national oblige maintenant tous les hommes valides et la plupart des femmes à servir pour un temps indéfini, souvent pendant des années [...], dans des conditions difficiles et abusives», peut-on lire dans le document.

«Ceux qui tentent de fuir risquent l'emprisonnement, la torture et même des représailles dirigées contre leurs familles.»

Des Érythréens interrogés par HRW et qui ont travaillé dans la mine Bisha de Nevsun ont confié à l'ONG qu'ils avaient vécu dans des «conditions épouvantables», avec une alimentation «insuffisante» et des «logements insalubres». Un ancien conscrit qui s'est absenté sans autorisation pour assister à des funérailles aurait été emprisonné.

De l'histoire ancienne

L'entreprise cotée en Bourse, qui exploite le projet en partenariat avec le gouvernement local, a réagi en disant que ces allégations étaient de l'histoire ancienne et que les problèmes avaient été réglés grâce à l'adoption immédiate de nouvelles mesures, malgré l'obligation de travailler avec Segen pendant encore plusieurs mois.

«Nos procédures rigoureuses nous garantissent que ces travailleurs sont libérés de leur service national et nous nous assurons de faire le suivi des individus avec des cartes d'identité», a déclaré le PDG Cliff Davis lors d'un entretien téléphonique. «Il n'y a pas de travail conscrit sur notre site», a-t-il assuré.

Or, selon HRW, les procédures en place ne permettent toujours pas à l'entreprise canadienne de donner de telles garanties, puisque Segen refuse de lui donner accès à ses travailleurs. «L'expérience Nevsun démontre que par le développement de projets en Érythrée, les sociétés minières mettent les pieds dans un terrain miné potentiel de problèmes de droits de l'homme.»

Une autre société canadienne, Sunridge Gold, serait sur le point d'y lancer un projet minier.