L'arrivée à Libreville des délégations des rebelles, du pouvoir et de l'opposition centrafricains pour des négociations de paix a été retardée à lundi, tandis qu'à Bangui le président François Bozizé a reçu le renfort d'un important contingent de soldats sud-africains.

L'arrivée des délégations était initialement prévu ce dimanche dans la capitale gabonaise, alors que les pourparlers placés sous l'égide de l'Afrique Centrale doivent en principe débuter mardi. Mais le vol qui devait emmener la délégation de la rébellion a été retardé pour des «problèmes d'autorisation», selon une source diplomatique.

Le président François Bozizé devrait rejoindre Libreville «plus tard», une fois les négociations entamées, a appris l'AFP de source proche de la présidence.

«Nous partirons demain matin (lundi). Il y a eu un problème (sur le vol). Nous sommes prêts. Nous demandons à partir aux négociations», a affirmé à l'AFP l'un des chef de l'alliance rebelle Séléka, le colonel Djouma Narkoyo.

Toutefois le porte-parole du Séléka, Eric Massi, tout en se déclarant prêt à participer à des négociations, a souhaité un report pour mieux se préparer. Il a continué d'exiger le départ du président Bozizé.

«Le départ de Bozizé n'est pas négociable. Il ne veut pas partir mais il n'a pas les moyens de rester», a estimé M. Massi. «Ce dont nous devons parler avec les chefs d'Etat d'Afrique Centrale, c'est des conditions du départ de M. Bozizé, des garanties pour sa sécurité et celle de sa famille, afin qu'il puisse se retirer dans la dignité».

M. Massi, qui est basé à Paris et doit faire partie de la délégation du Séléka, a confirmé que le chef des rebelles, Michel Djotiodia, s'était «engagé à aller à Libreville». Mais ce n'est pas la peine d'aller à Libreville si le sommet tourne en palabres inutiles», a-t-il ajouté.

Selon le ministre de l'Administration territoriale Josué Binoua, chacune des délégations qui sera composée de quinze membres a remis des «propositions de sortie de crise» au comité de suivi dirigé par le président congolais Denis Sassou Nguesso.

M. Binoua a estimé que «la seule voie pour trouver une solution passe par le dialogue et exclut l'option militaire. Le président a annoncé un gouvernement d'union nationale. Il y a intangibilité de l'ordre constitutionnel et le mandat du président court jusqu'en 2016».

La délégation du pouvoir va en outre proposer «une réforme de l'armée, un plan de relance économique et la mise en application d'un nouveau code électoral», déjà discuté avec l'opposition, selon lui.

A Bangui, le régime a reçu le renfort cette semaine d'un contingent de 200 soldats sud-africains «bien équipé», basé non loin de la résidence du président, a-t-on appris dimanche de source militaire.

Au total, 400 soldats sud-africains doivent être déployés pour protéger Bangui, a indiqué la présidence sud-africaine.

«Le président Jacob Zuma a autorisé le déploiement de 400 membres des forces nationales de défense sud-africaines en République centrafricaine, pour apporter leur soutien conformément à une obligation internationale de l'Afrique du Sud envers la Centrafrique», a annoncé le bureau du président sud-africain dans un communiqué.

Leur mandat court jusqu'en mars 2018, est-il précisé.

Ces hommes ne font pas partie du dispositif de près de 800 hommes, dont 400 Tchadiens, de la Force multinationale d'Afrique centrale qui contrôlent le verrou de la ville de Damara à 75 kilomètres au nord de Bangui, désigné comme la ligne rouge à ne pas franchir par les rebelles. Ceux-ci «sont dans le village de Vangué à 12 kilomètres de Damara, là où se trouvent les forces d'interposition», a déclaré à l'AFP le ministre de l'Administration territoriale Josué Binoua.

Six cents soldats français sont également déployés à Bangui, officiellement pour protéger et éventuellement évacuer les ressortissants français.

Après l'arrivée des militaires sud-africains, le coordonnateur des jeunes «patriotes» pro-Bozizé, Lévy Yakité, a appelé à la radio nationale à lever les barrages qu'ils avaient érigés dans la capitale, censés empêcher les tentatives d'infiltrations rebelles.

Sur le terrain, les rebelles ont justifié la prise de deux villes secondaires, Alindao et Kouango, samedi, dans le centre du pays, par des opérations de «contrôle des routes», indiquant qu'ils avaient eu vent de déplacements militaires des Forces armées centrafricaine, voire de «troupes ougandaises» dans la zone.