L'opposition au Ghana a rejeté dimanche des résultats partiels donnant le président sortant John Dramani Mahama vainqueur de l'élection présidentielle de vendredi, en criant à la fraude systématique, avant la même la proclamation officielle des résultats.

Elle a assuré que son candidat Nana Akufo-Addo était vainqueur.

Auparavant des résultats officiels partiels ont donné les deux principaux candidats au coude-à-coude et une télévision privée a attribué une légère avance au président sortant John Dramani Mahama.

Le Ghana, tout nouveau producteur de pétrole, dont l'économie est en plein boom, a eu, jusqu'ici, une réputation de démocratie stable au coeur d'une Afrique de l'Ouest turbulente.

M. Mahama, âgé de 54 ans, a pris le pouvoir en juillet dernier à la mort de John Atta Mills dont il était le vice-président. M. Akufo-Addo, avocat et fils d'un ancien président, se présentait à la présidentielle pour la seconde fois, à 68 ans, après avoir perdu à moins d'1% en 2008.

Des observateurs extérieurs du Commonwealth, de la Cédéao et du groupe local CODEO se sont accordés à qualifier le scrutin, qui s'est déroulé vendredi et samedi, de paisible et transparent.

«Nous avons assez de preuves concrètes pour démontrer que la présidentielle de 2012 a été remportée par notre candidat, Nana Akufo-Addo» face au président sortant John Dramani Mahama, affirme le NPP (Nouveau parti patriotique) dans un communiqué.

«Nous avons constaté un système de fraudes, dans lequel un nombre considérable de voix a été soit ajouté au candidat du NDC (congrès démocratique national, au pouvoir) soit soustrait au candidat du NPP», dénonce l'opposition.

Le NPP réclame un audit sur le décompte des voix et sur les informations recueillies par machines biométriques d'identification des électeurs - dont certaines sont tombées en panne - avant que les résultats de la présidentielle ne soient annoncés officiellement.

«La commission a demandé (à l'opposition) de fournir des preuves» des accusations qu'ils ont formulées, ce qu'ils n'ont pas fait pour l'instant, a déclaré Christian Owusu-Parry, porte-parole de la commission électorale, à l'AFP.

La chaîne de télévision privée Joy avait rapporté plus tôt dans la journée que le président Mahama menait avec 50,6% des voix contre 47,82% au leader de l'opposition, en se basant sur les résultats de 267 districts sur 275.

La commission électorale a commencé à publier des résultats sur son site Internet, mais les chiffres les plus récents disponibles ne prenaient en compte que 173 districts dimanche en début de soirée: ils accordaient 49,61% des voix à M. Mahama et 48,9% à M. Akufo-Addo.

Un second tour se tiendra le 28 décembre si aucun des candidats n'obtient 50% des voix au premier tour. Huit candidats au total se sont présentés.

Le NPP a appelé «les membres du parti et l'opinion publique à ignorer les pronostics biaisés annoncés dans les médias de masse».

Une foule d'environ 200 militants du NPP se dirigeait dans le calme vers la commission électorale dimanche après-midi en criant «nous voulons la justice», a constaté un journaliste de l'AFP.

M. Akufo-Addo ne s'est pas encore exprimé publiquement, mais M. Mahama a déclaré dimanche avoir «une assez bonne idée» des résultats, basée sur les propres estimations de ses équipes.

«Nous attendrons calmement le verdict et nous nous plierons au verdict de la commission électorale, quel qu'il soit», a-t-il déclaré.

Les élections présidentielle et législatives se sont tenues vendredi, mais elles ont dû se prolonger samedi à certains endroits, des bureaux de vote ayant rencontré des problèmes techniques liés au nouveau système d'identification biométrique et à des retards de livraison de matériel électoral.

Les deux principaux partis ont alterné au pouvoir depuis l'avènement du multipartisme en 1992, faisant du Ghana un modèle de stabilité dans la région.

Le pays de 24 millions d'habitants connaît une forte croissance économique due à ses exportations de cacao et d'or, auxquelles vient s'ajouter, depuis 2010, une production pétrolière encore modeste, mais pleine de promesses.