L'Éthiopie offre dimanche des funérailles nationales, les premières en plus de 80 ans, à son premier ministre Meles Zenawi, dirigeant visionnaire pour les uns, répressif pour les autres, resté 21 ans à la tête de son pays.

Les funérailles de Meles, décédé le 20 août à 57 ans, débuteront dans la matinée au coeur de la capitale éthiopienne Addis Abeba.

La cérémonie commencera, place Meskel, par une série de discours, dont celui du vice-premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, qui assure l'intérim du pouvoir et doit être, selon le gouvernement, investi premier ministre par le Parlement après les funérailles, à une date encore inconnue.

Plusieurs présidents africains, dont le Rwandais Paul Kagame, le Soudanais Omar al-Bechir, le Sud-Soudanais Salva Kiir, le Béninois Thomas Boni Yayi et le Tanzanien Jakaya Kikwete, assisteront aux funérailles de Meles, arrivé au pouvoir en 1991 à la tête d'un guérilla qui venait de renverser le dictateur Mengistu Hailé Mariam.

Samedi, ils se sont rendus au palais national d'Addis, pour s'incliner devant le cercueil de leur pair, qu'ils ont qualifié de «héros» du continent, et dont ils ont salué la «vision», les actions en faveur du développement de son pays et la paix en Afrique.

Dimanche, la Chine, l'Inde, mais aussi de nombreux pays occidentaux seront également représentés. Les États-Unis, qui avaient fait de Meles un allié dans la lutte contre l'extrémisme islamiste dans la Corne de l'Afrique, envoient leur ambassadrice à l'ONU Susan Rice.

La présence conjointe des Occidentaux et de M. Béchir, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour sa responsabilité présumée dans les massacres au Darfour (ouest du Soudan), pose un petit casse-tête diplomatique. Les Occidentaux s'efforceront de garder leur distance avec le président soudanais.

Après la place Meskel, le cortège funèbre prendra la direction de l'église de la Trinité, où le dirigeant sera enterré. C'est aussi là qu'avait été tardivement inhumé le dernier empereur d'Éthiopie, le «Roi des Rois» Hailé Sélassié.

Hailé Sélassié, mort en 1975, est longtemps resté enterré sous les toilettes du palais national où Mengistu, qui l'avait renversé en 1974, l'avait jeté. Son corps avait été exhumé en 1992, avant d'être enterré en bonne et due forme huit ans plus tard dans l'église de la Trinité.

Meles, qui fustigeait le bilan social de Hailé Sélassié, n'a cependant jamais voulu lui rendre des hommages nationaux.

Les obsèques du premier ministre, à qui certains prêtaient aussi une stature d'empereur, seront donc les premières funérailles nationales d'un dirigeant éthiopien en plus de 80 ans : les dernières remontent à celles de l'impératrice Zewditu, en 1930.