L'Union européenne s'est dite prête lundi à suspendre la majorité de ses sanctions contre le Zimbabwe si ce pays organisait un référendum constitutionnel « crédible » pour préparer des élections démocratiques, une condition aussitôt rejetée par le parti du président Robert Mugabe

Les ministres européens des Affaires étrangères réunis à Bruxelles ont également décidé de reprendre « immédiatement » l'aide directe à la coopération et au développement, qui était elle aussi suspendue depuis 10 ans.

Ces sanctions avaient été imposées en 2002 après des élections organisées dans un climat de violence et d'intimidation, et graduellement renforcées depuis.

Mais l'UE entend désormais encourager la transition politique, prévue dans les accords passés en 2008 entre M. Mugabe, 88 ans, et son rival Morgan Tsvangirai, premier ministre à la tête d'un fragile gouvernement d'union nationale, pour éviter une guerre civile. Ces accords prévoyaient l'adoption d'une constitution.

En conséquence, les ministres ont adopté une déclaration qui stipule qu'« un référendum constitutionnel pacifique et crédible représenterait une étape importante dans la préparation d'élections démocratiques qui justifierait une suspension de la majorité des sanctions ciblées contre des personnes ou des entités ».

La Zanu-PF, le parti du président Robert Mugabe, a aussitôt qualifié cette proposition de « non-sens ».

« Pourquoi parlent-ils d'une levée des sanctions qui dépendrait de la tenue et du résultat d'un référendum? Nous ne pensons pas que c'est la bonne façon de procéder. Nous disons que toutes les sanctions doivent être supprimées », a déclaré à l'AFP Rugare Gumbo, porte-parole du parti.

En visite en Australie, le premier ministre zimbabwéen, M. Tsvangirai, a plaidé pour un retour de son pays au sein de la communauté internationale.

Le projet de nouvelle Constitution, qui vient d'être rédigé, doit encore être débattu au Parlement et approuvé par référendum, avant la tenue d'élections. Aucune date n'a encore été fixée pour le référendum, mais des sources proches du parti de M. Tsvangirai parient sur le mois d'octobre.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, qui participait à la réunion de Bruxelles, a précisé dans un communiqué que la décision de l'UE ne concernait pas le président Mugabe.

De source diplomatique, on avait indiqué vendredi que l'UE envisageait de lever les sanctions visant la plupart des 112 personnes encore soumises à des gels d'avoirs et des interdictions de visa dans l'UE, à l'exception d'un « noyau dur » comprenant M. Mugabe.

L'UE avait déjà levé en février l'interdiction de visa et le gel des avoirs à l'encontre de 51 personnes afin d'encourager les « progrès » des réformes.

« Comme indiqué en février de cette année, et conformément à son approche par étapes, l'UE va continuer à ajuster sa politique pour tenir compte des progrès faits par les différentes parties zimbabwéennes », explique le communiqué des ministres.

M. Hague a salué un « pas important dans l'approche de l'UE vis-à-vis du Zimbabwe ». Elle permettra de « démontrer aux réformateurs de tous bords politiques que l'UE est sérieuse dans sa volonté de répondre aux progrès concrets sur le terrain », a-t-il ajouté dans son communiqué.

Appelant les autorités du Zimbabwe à respecter leurs engagements, M. Hague a prévenu que « si la situation se détériore », l'UE « n'hésitera pas à répondre de façon appropriée ».

Parallèlement, le ministre australien du Commerce, Craig Emerson, a indiqué lundi que son pays pourrait lui aussi assouplir ses sanctions « pour récompenser les réformateurs et montrer à la frange dure que les réformes sont réellement payantes ».