Un hélicoptère de la force européenne Atalante a frappé mardi une base de pirates sur la côte somalienne, une première qui démontre la volonté de la communauté internationale de lutter plus énergiquement contre la piraterie dans l'océan Indien.

Cette opération a été conduite par un hélicoptère ayant décollé de l'un des neuf navires de guerre déployés par les pays européens au large des côtes somaliennes depuis le lancement d'Atalante en 2008.

L'appareil a «visé des bateaux de pirates sur une plage» dans la région de Galmudug, au centre de la Somalie, a indiqué un porte-parole d'Atalante, Timo Lange.

Cette opération nocturne n'a fait aucune victime à terre et «les moyens mobilisés sont retournés sains et saufs», selon Atalante.

Elle a été «longuement préparée» et a reçu l'accord des autorités somaliennes alors que, jusqu'à présent, les forces internationales n'avaient agi contre les pirates que sur la mer.

Mais, en mars, l'Union européenne a décidé de durcir Atalante en donnant son feu vert à «des mesures plus énergiques», avec la possibilité de «neutraliser» les dépôts des pirates, à savoir leurs bateaux et leurs réserves, notamment de carburants, sur le littoral.

Pour ce faire, les navires ou les hélicoptères peuvent tirer sur ces repaires dans des «conditions très définies», en s'assurant «de ne pas faire de dommages collatéraux» et de ne pas mettre «pied à terre», selon un responsable européen.

L'objectif déclaré est de «casser le modèle économique des pirates» à tous les niveaux, des préparatifs des attaques aux opérations de blanchiment des profits qu'ils en tirent.

Les pirates utilisent essentiellement de petits bateaux côtiers, des skiffs, équipés de puissants moteurs, pour attaquer cargos, pétroliers ou chalutiers. Si l'abordage réussit, ils prennent en otage les équipages et réclament des rançons qui s'élèvent à plusieurs millions de dollars.

Le commandant d'Atalante, l'amiral Duncan Potts, a affirmé que l'opération menée mardi allait «encore accroître la pression sur eux et perturber leurs efforts pour sortir en mer afin d'attaquer des navires».

«Les Somaliens et les pêcheurs, dont beaucoup d'entre eux ont tant souffert de la piraterie, peuvent être rassurés: notre objectif est de viser des dépôts dûment répertoriés et cela restera de même à l'avenir», a-t-il ajouté.

Outre la protection des navires marchands, Atalante a permis l'arrestation de 117 pirates présumés et le démantèlement de 27 groupes de pirates en 2011.

Le nombre d'attaques réussies par les pirates a diminué, mais quelque huit navires et 235 marins seraient toujours en otages, selon Atalante.

«La piraterie continue d'affecter la navigation, de menacer le commerce et d'affaiblir l'économie des pays de la région», a résumé la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, en saluant «le succès» de l'opération d'Atalante.

Les attaques des flibustiers somaliens auraient coûté quelque sept milliards de dollars en 2011, dont plus de deux milliards en opérations militaires et en mesures de sécurité pour les navires, selon l'association américaine Oceans Beyond Piracy. De plus en plus d'armateurs placent en effet des gardes armés à bord de leurs navires.

Atalante a refusé de dévoiler la nationalité de l'hélicoptère ayant mené l'opération alors que les neuf navires déployés actuellement dans la zone sont français, allemand, espagnol, portugais, italien et néerlandais.

Outre l'UE, l'OTAN est également présente dans l'océan Indien avec l'opération Ocean Shield (bouclier océanique) de lutte contre la piraterie au large de la Corne de l'Afrique, qui n'a cependant pas le pouvoir de viser les intérêts des pirates sur la côte.