En condamnant les quatre meurtriers de Zoliswa Nkonyana à 18 ans de détention, le 1er février dernier, un juge sud-africain a mis un terme à un procès controversé qui symbolise, pour plusieurs, l'incapacité du système de justice de ce pays à faire face à l'homophobie.

Le 4 février 2006, Zoliswa Nkonyana, jeune femme de 19 ans ouvertement homosexuelle, a été brutalement assassinée par un groupe d'hommes à l'extérieur d'un bar dans le township de Khayeltisha. Zoliswa a été poignardée, lapidée et battue à mort à quelques mètres seulement de son domicile.

La justice erre

Depuis, cinq des neuf hommes initialement accusés, ont été acquittés. Et avant qu'un verdict de culpabilité pour meurtre ne soit rendu, à la fin de 2011, pour les quatre autres, les événements n'ont cessé de s'accumuler. Comme les reports, dont on estime le nombre à plus de 50.

Des témoins, des experts et des avocats de la défense ne se sont pas présentés en cour un grand nombre de fois. Des témoins de l'accusation, terrorisés par l'absence de protection malgré les menaces dont ils ont fait l'objet, ont quitté la ville. Quatre des accusés ont même réussi à s'évader, en 2010, avec la complicité d'un policier.

Ce procès et, surtout, ces errements font dire à Jill Henderson, militante appelée à témoigner pendant le procès, que tout cela est la preuve criante «que les fondements mêmes du système de justice ne fonctionnent pas».