Souha Arafat, la veuve du dirigeant palestinien Yasser Arafat, a rejeté des accusations de corruption et un mandat d'arrêt lancé par la Tunisie à son encontre, affirmant vouloir se «battre» et se décrivant comme «une victime de la dictature» Ben Ali.

«Je me battrai comme je me suis battue contre de nombreuses autres choses», a affirmé Souha Arafat, dans une interview en anglais donnée à Malte, où elle réside, à un journaliste de l'AFP.

Elle a affirmé avoir appris l'émission d'un mandat d'arrêt contre elle à travers la presse. «J'ai été étonnée, cela a été une mauvaise surprise, car j'ai été moi-même une victime de la dictature tunisienne», a-t-elle déclaré, en soulignant ne pas avoir reçu de notification officielle d'une telle procédure.

Mme Arafat a affirmé disposer de «tous les documents, de toutes les informations, de tout ce qui prouve que je n'ai rien à voir avec cette école». «J'ai quitté immédiatement l'école... parce que la Première Dame se livrait à de la corruption et je lui ai dit de ne pas le faire», a ajouté Mme Arafat.

Le tribunal de première instance de Tunis a lancé un mandat d'arrêt contre Mme Arafat, a indiqué lundi à l'AFP à Tunis le porte-parole du ministère de la Justice, Kadhem Zine El Abidine, sans préciser les motivations de cette décision.

Une source judiciaire tunisienne a indiqué que Mme Arafat était poursuivie dans le cadre de l'affaire de l'École internationale de Carthage, qu'elle avait fondée au printemps 2007 avec Leïla Trabelsi, l'ex-première dame de Tunisie, dans la banlieue nord de Tunis.

«Cette école a été créée de façon illégale: les procédures administratives légales ont été violées pour des intérêts personnels», selon cette source.

La création de cet établissement privé qui fournissait un enseignement de la maternelle au lycée conformément au système éducatif français, avait suscité des remous, car elle avait entraîné la fermeture d'un établissement également privé et réputé, l'école Louis Pasteur-Bouebdeli.

Souha Arafat a affirmé avoir dit à Leila Trabelsi qu'elle n'était pas d'accord avec cette situation. «Elle m'a répondu: ok si c'est comme ça, laisse tomber et m'a envoyé son responsable financier auquel j'ai confié tous mes pouvoirs», a affirmé Mme Arafat.

Interrogée depuis Ramallah par l'AFP, Mme Arafat avait auparavant dit rejeter «toutes les accusations citées dans la presse». «Je suis prête à faire face, à présenter des documents et j'ai chargé un avocat tunisien de présenter ces documents», avait-elle dit par téléphone.

La veuve du leader historique palestinien, décédé en 2004, a déclaré «ne pas avoir connaissance d'un mandat d'arrêt émis à (son) encontre» et n'avoir été contactée par «aucune organisation internationale» à ce sujet.

«Je n'ai aucun lien depuis 2007 avec l'affaire de l'école internationale et j'ai tous les documents officiels prouvant que j'ai cédé toutes mes parts et mes actions dans l'école à Asmaa Mahjoub, nièce de Leïla, épouse de l'ancien président (tunisien) Zine El-Abidine Ben Ali», a assuré Souha Arafat à l'AFP.

Elle a précisé que «les sommes qu'elle a versées pour contribuer au capital de l'école internationale étaient un prêt de 300 000 dinars tunisiens obtenu auprès de la Banque de l'habitat tunisien». «J'ai remboursé une partie du prêt et quand j'ai renoncé à mes parts, on m'a rendu seulement 30 000 dinars tunisiens», a ajouté Mme Arafat.

Mme Arafat a affirmé n'avoir aucun lien «avec aucune affaire dans laquelle est cité le nom de Leïla Ben Ali» et appelé à ce que «son nom ne soit pas lié au nom» de l'épouse du président tunisien déchu.