Des militaires kényans appuyés par des moyens aériens ont pénétré dimanche en Somalie, dévastée depuis 20 ans par une guerre civile, à la poursuite des islamistes shebab accusés par Nairobi d'avoir enlevé des femmes européennes au Kenya.

Mais les combattants islamistes ont très rapidement adopté un ton menaçant envers les troupes envoyées par Nairobi.

«Le Kenya a violé les droits territoriaux de la Somalie en entrant sur notre terre sainte, mais je vous assure qu'ils repartiront en étant déçus, si Dieu le veut. Les combattants les forceront à affronter l'épreuve des balles», a indiqué à des journalistes un chef shebab Sheikh Hassan Turki.

«J'appelle tous les Somaliens à être unis contre l'ennemi assoiffé de sang qui est entré dans nos territoires et contre les apostats somaliens qui les aident», a-t-il lancé.

Un peu plus tôt dans la journée, le porte-parole du gouvernement kényan Alfred Matua avait annoncé l'entrée de militaires en Somalie: «Nous avons pénétré en Somalie pour y poursuivre les shebab que nous tenons pour responsables de rapts et d'attaques dans notre pays».

Selon un journaliste de l'AFP et des témoins, des colonnes de véhicules de transport de troupes kényans ont été vues se diriger vers la frontière et la zone était survolée par des avions et des hélicoptères.

Dans le même temps, des unités gouvernementales somaliennes se sont emparées de Qoqani, une ville de la région de la Basse Juba, à la frontière kényane.

Cette attaque s'est accompagnée de bombardements aériens contre des positions des shebab, une milice affiliée à Al-Qaïda, mais aucune indication n'a été obtenue sur la nationalités des appareils engagés dans ces frappes.

Les shebab combattent depuis près de cinq ans le fragile gouvernement de transition somalien soutenu à bout de bras par la communauté internationale. Ils contrôlent la plus grande partie du sud et du centre de la Somalie, mais ils ont perdu l'essentiel de la capitale, Mogadiscio.

Cette activité militaire intervient après que le Kenya eut condamné les rapts récents d'étrangers sur son territoires et averti qu'il se réservait le droit d'intervenur en Somalie pour éliminer les ravisseurs.

Quatre Européennes enlevées

Deux employées espagnoles de Médecins sans frontières (MSF) Montserrat Serra et Blanca Thiebaut ont été enlevées le 13 octobre par des hommes armés à Dadaab, plus grand complexe de camps de réfugiés du monde situé dans l'est du Kenya.

Les deux Espagnoles, employées à la construction d'un hôpital à Dadaab, ont été ensuite transférées en Somalie par leurs ravisseurs.

Le Kenya a accusé les insurgés islamistes shebab d'être responsables de ces enlèvements, qui n'ont pas été revendiqués.

Ce double kidnapping porte à quatre le nombre de ressortissantes européennes prises en otage en un peu plus d'un mois au Kenya.

Une Française, Marie Dedieu, 66 ans et atteinte d'un cancer, a été enlevée le 1er octobre dans l'archipel touristique de Lamu et une Britannique, Judith Tebbutt, 56 ans, le 11 septembre dans la même région, à quelque dizaines de kilomètres de la frontière somalienne.

Les deux femmes ont toutes les deux été emmenées en Somalie par leurs ravisseurs.

Le ministre kényan de la Sécurité intérieure George Saitoti avait annoncé samedi que l'armée s'apprêtait à intervenir, et que la frontière entre les deux voisins avait été fermée.

Les autorités kényanes ont également annoncé qu'elles allaient procéder à des contrôles plus sévères des réfugiés somaliens qui entrent au Kenya.

Le complexe de Dadaab accueille quelque 450 000 personnes essentiellement des Somaliens fuyant la guerre et la famine dans leur pays, à moins de 100 km de là. Il a vu sa population augmenter considérablement cette année en raison de la crise alimentaire.