L'opération militaire lancée vendredi par la Mauritanie contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en territoire malien a fait 15 morts dans les rangs des islamistes, deux soldats mauritaniens ayant été tués et cinq blessés, ont annoncé dimanche des responsables de l'armée à Nouakchott.

«Le bilan est de quinze morts chez les criminels, de deux morts et cinq blessés côté mauritanien», ont annoncé les colonels Brahim Vall Ould Chebani, chef du bureau des opérations à l'état-major de l'armée, et le colonel Teyeb Ould Brahim, porte-parole de l'état-major.

Selon eux «le campement» d'Aqmi qui se trouvait dans la forêt du Wagadou, longue de 80 km et large de 40, située à 110 km de la frontière mauritanienne dans le nord-ouest du Mali, «a été complètement détruit et c'est la débandade, le sauve qui peut, dans leurs rangs».

«Les opérations de ratissage se poursuivent toujours dans la forêt» dimanche, ont-ils ajouté.

Selon l'état-major, «la base était une forteresse aménagée par les criminels qui ont creusé des tranchées très profondes et posé des mines tout autour». «Ils constituaient une véritable menace pour notre pays (...). Beaucoup de matériel a été détruit: l'ennemi a fait usage d'armement lourd, dont de l'armement anti-char et anti-aérien», a-t-il ajouté.

L'état-major a précisé que l'opération a été menée «en coordination avec l'armée malienne» et que les deux armées «se sont partagé la forêt très dense» du Wagadou. La partie confiée aux militaires mauritaniens était celle qui abritait la base d'Aqmi, raison pour laquelle ce sont eux qui ont «pris l'initiative de l'attaque», a-t-il ajouté.

Le nombre de militaires engagés dans l'opération n'a pas été précisé.

L'armée malienne a pour sa part arrêté dans la nuit de samedi à dimanche neuf membres d'Aqmi près de la forêt de Wagadou, selon une source militaire malienne, information confirmée par l'état-major mauritanien.

L'offensive mauritanienne a été lancée quatre jours après le début d'opérations menées conjointement avec l'armée malienne le long de leur immense frontière commune, qui comprend la zone de la forêt du Wagadou.

Le Mali et la Mauritanie sont parmi les pays les plus touchés par les activités d'Aqmi, avec le Niger et l'Algérie où cette organisation a ses racines. Elle possède des bases dans le nord du territoire malien d'où elle organise dans le Sahel des attentats et des enlèvements - essentiellement d'Occidentaux - ainsi que divers trafics.

Aqmi retient depuis la mi-septembre 2010 quatre Français enlevés à Arlit, dans le nord du Niger, ainsi qu'une Italienne enlevée le 2 février dans le sud de l'Algérie.

Face à cette situation, la Mauritanie avait déjà mené à partir de juillet 2010 et pendant plusieurs mois, avec le feu vert de Bamako, des opérations militaires contre des bases d'Aqmi.

«Il fallait agir pour prévenir les attaques» en Mauritanie «pour déstabiliser leurs positions et les amener au plus loin de notre territoire», avait déclaré début juin à l'AFP le président mauritanien Mohamed Oul Abdel Aziz.

Selon lui, le retrait de son armée du Mali avait été aussitôt suivi par l'implantation de nouvelles unités d'Aqmi près de la frontière, en particulier la forêt du Wagadou.

Source d'inquiétude également pour lui, comme pour tous les chefs d'Etat de la région, l'arrivée massive d'armes venant de la Libye en guerre, «en quantité et en qualité» selon M. Ould Abdel Aziz.

Le 12 juin, l'armée nigérienne a saisi 640 kg d'explosif, dont du Semtex tchèque, et 435 détonateurs, en provenance de Libye, selon des sources militaires.