Le Conseil constitutionnel tchadien a confirmé samedi, lors d'une audience publique radio-télévisée, la réélection du président sortant Idriss Deby Itno au premier tour de l'élection du 25 avril, avec 83,59% et un taux de participation de 55,63%.

«Le Conseil déclare élu au premier tour Idriss Deby Itno avec 83,59%», a annoncé le président du Conseil constitutionnel, David Houdeingar.

Après contrôle de tous les procès verbaux, le Conseil constitutionnel a un peu modifié les chiffres annoncés le 9 mai par la Commission électorale nationale indépendante (Céni).

Le Président Deby (88,66% selon la Céni), dont ce sera le quatrième mandat voit son nombre de voix revu à la baisse, passant de 2 504 069 voix à 2 072 481 voix, selon les résultats définitifs du Conseil. Il est suivi du ministre Albert Pahimi Padacké qui a obtenu 213 257 voix soit 8,66% (la Céni avait annoncé 6,03%) et de l'opposant Nadji Madou qui a finalement obtenu 193 617 voix soit 7,81% (la Céni avait annoncé 5,32%).

Le taux de participation, qui était le principal enjeu de l'élection boycottée par les trois principaux opposants (Saleh Kebzabo, Ngarlejy Yorongar et Wadal Abdelkader Kamougué, décédé depuis) est revu à la baisse de près de neuf points par rapport aux résultats provisoires. Il est de 55,63%, selon le Conseil constitutionnel et non de 64,22%, comme annoncé par la Céni.

Le taux de participation est finalement légèrement inférieur à celui des élections législatives (56,6%) du 13 février qui ont donné la majorité absolue à l'Assemblée nationale au Mouvement patriotique du salut (MPS) du président Deby.

Des recours déposés par Albert Pahimi Padacké, et des opposants qui appelaient au boycott du scrutin (notamment Saleh Kebzabo et Ngarlejy Yorongar), ont été déclarés «irrecevables», a déclaré M. Houdeingar.

«Nous prenons acte des résultats proclamés par le Conseil constitutionnel (...) nous nous préparons en conséquence pour cinq ans à venir et nous restons à disposition de notre pays pour éventuellement remporter d'autres victoires», a déclaré M. Padacké à l'AFP.

«J'ai appelé le président Deby pour lui présenter mes félicitations pour sa réélection», a-t-il ajouté.

Après l'annonce des résultats provisoires, M. Kebzabo avait qualifié l'élection de «rigolade».

Le MPS avait répondu que l'opposant cherchait à jeter le «discrédit» sur le scrutin.

Plusieurs observateurs s'étaient interrogés sur un taux de participation jugé élevé par rapport à ce qui avait pu être constaté sur le terrain.

L'élection présidentielle devait marquer le point d'orgue d'un processus de démocratisation du régime entamé avec l'accord du 13 août 2007 signé entre la majorité des partis d'opposition et le pouvoir.

Mais l'accord signé un an après le boycott de la présidentielle de 2006 a débouché finalement sur un nouvel appel à l'abstention des principaux opposants, trois mois après les législatives qu'ils ont qualifiées de «mascarade électorale».

Depuis le réchauffement des relations avec le Soudan, le régime de M. Deby, venu au pouvoir par la force en 1990 et soutenu par la France, semble à l'abri des raids rebelles.