Des heurts entre Frères musulmans et forces de l'ordre et une vague d'arrestations de militants de ce mouvement, première force d'opposition en Égypte, ont fait monter la tension avant les élections législatives du 28 novembre.

Quelque 250 personnes ont été arrêtées vendredi à travers le pays, principalement dans la grande ville d'Alexandrie (nord) et dans le delta du Nil, selon un bilan posté samedi sur le site internet de la confrérie.

 

Vendredi soir, une source au sein des services de sécurité avait fait état de 100 à 120 arrestations, tandis qu'un dirigeant de la confrérie, Mohammed Mursi, parlait de 300 personnes arrêtées.

De nombreuses interpellations ont eu lieu en marge de manifestations organisées par les Frères musulmans, selon des responsables islamistes et la presse égyptienne.

Il s'agit de la plus importante vague d'arrestation de militants islamistes sur une seule journée, et des plus sérieux incidents entre la confrérie et les forces de l'ordre depuis le début de la campagne des législatives.

«Nous avions organisé des marches électorales à Alexandrie et, sans aucune raison, la police a intercepté ces défilés, battu les participants et procédé à des arrestations», a raconté à l'AFP Hussein Ibrahim, député de la confrérie dans le parlement sortant.

M. Ibrahim a ajouté que lui-même et trois autres membres de la confrérie avaient vu leurs candidatures à Alexandrie invalidées par la commission électorale «sans qu'on nous donne de raisons».

D'autres responsables des Frères musulmans ont fait état de heurts dans plusieurs localités du delta du Nil, au nord du Caire, accusant la police d'avoir utilisé des gaz lacrymogènes contre les manifestants.

Selon le journal indépendant al-Chorouq, des marches électorales ont été empêchées de se tenir, les manifestants ayant été encerclés par les forces de l'ordre.

Des militants ont été arrêtés pour leur «appartenance à une organisation illégale, participation à une marche sans autorisation et résistance aux forces de l'ordre», selon le quotidien.

Le journal al-Masri al-Youm fait quant à lui état de heurts au nord-est du Caire où des manifestants portaient des armes blanches et jetaient des pierres. Il s'agirait toutefois dans ce cas de violences entre partisans de candidats proches du pouvoir, qui sont souvent plusieurs à briguer le même siège.

Les Frères musulmans ont dénoncé ces derniers jours des centaines d'arrestations dans leurs rangs, destinées à affaiblir leur capacité de mobilisation, même si dans la majorité des cas les détentions ne durent que quelques jours.

La confrérie a ainsi fait état mardi dernier de 600 personnes interpellées depuis qu'elle a annoncé sa participation au scrutin, le 9 octobre dernier, dont 250 étaient toujours détenues à la mi-novembre.

Les Frères musulmans sont officiellement interdits et font périodiquement l'objet d'arrestations, mais restent tolérés dans les faits en Égypte où ils disposent notamment d'influents réseaux d'aide sociale.

Lors des élections législatives de 2005, ils avaient remporté un cinquième des sièges, grâce à des candidats étiquetés indépendants.

Ils soutiennent cette fois-ci quelque 130 candidats, pour 508 sièges en lice, mais des personnalités du pouvoir ont fait savoir qu'il n'était pas question qu'ils renouvellent leur succès de 2005.

Le rapport du département d'État américain sur la liberté de religion dans le monde, publié mercredi, écrit que les Frères musulmans égyptiens sont «sujets à des détentions arbitraires et à des pressions de la part du pouvoir».

Ces élections ont lieu dans climat crispé entre l'Égypte et les États-Unis, pourtant proches alliés, après que Washington eut renouvelé un appel à la présence d'observateurs internationaux, vigoureusement refusés par l'Égypte.