La Cour pénale internationale (CPI) a autorisé mercredi l'ouverture d'une enquête pour crimes contre l'humanité sur les violences postélectorales commises au Kenya fin 2007-début 2008, a annoncé la CPI.

«La chambre préliminaire II, à la majorité des juges, a fait droit à la requête du procureur aux fins de l'ouverture d'une enquête sur les crimes contre l'humanité qui auraient été commis sur le territoire de la République du Kenya», a annoncé la CPI dans un communiqué.

«Il y a une base raisonnable pour croire que des crimes contre l'humanité ont été commis», ont estimé les juges.

Le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo avait annoncé, le 26 novembre 2009, avoir demandé aux juges de la CPI l'autorisation d'enquêter sur les violences post-électorales au Kenya qui avaient fait 1 500 morts et 300 000 déplacés.

La décision des juges «revêt une importance toute particulière», a estimé M. Moreno-Ocampo dans un communiqué: «elle signifie qu'aucune impunité ne sera accordée aux principaux responsables des crimes commis lors de la flambée de violence qui a fait suite aux élections».

Le procureur qui souhaitait, pour la première fois depuis l'entrée en fonction de la CPI en 2002, ouvrir une enquête de sa propre initiative, avait remis aux juges le 3 mars une liste comprenant les noms de vingt personnes ayant soutenu, selon lui, les violences post-électorales.

Selon M. Moreno-Ocampo, ces personnes, des dirigeants politiques ou des hauts responsables du secteur économique, sont associées au Parti de l'unité nationale (PNU) du président sortant Mwai Kibaki ou au Mouvement orange démocratique (ODM) du chef de l'opposition Raila Odinga.

Un «examen préliminaire» était conduit depuis février 2008 par le bureau du procureur sur les violences politico-ethniques qui avaient suivi la réélection contestée du président Mwai Kibaki le 27 décembre 2007, accusé de fraude électorale par l'opposition menée par Raila Odinga.

M. Moreno-Ocampo avait indiqué qu'il souhaitait que les principaux responsables des violences soient jugés par la CPI et que les autres le soient au Kenya.

Le gouvernement de coalition du Kenya, dirigé par M. Odinga, devenu premier ministre, s'est de son côté engagé à «coopérer» avec la Cour.

Des enquêtes ont été ouvertes par la CPI dans quatre pays d'Afrique: en  République démocratique du Congo (RDC), en Ouganda, en Centrafrique et au Soudan.

La Cour, seul tribunal international permanent chargé de juger les auteurs présumés de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocide, n'intervient que lorsque la justice nationale des pays où ces crimes ont été commis ne peut pas ou ne veut pas engager elle-même des poursuites.