Les pirates somaliens, qui ont récemment déplacé leurs attaques dans l'immensité de l'océan Indien, sont revenus à leur zone de prédilection, le golfe d'Aden, où ils ont capturé deux navires marchands, véritable pied de nez aux marines étrangères patrouillant la zone.

Un troisième cargo, grec, a été pris lundi au nord-est des Seychelles, où les pirates ont multiplié les attaques depuis octobre.

Le même jour, c'est un chimiquier battant pavillon britannique, le St James Park, qui faisait les frais du retour des pirates dans le golfe d'Aden.

Le navire et ses 26 membres d'équipage ont été attaqués dans le golfe d'Aden, alors qu'ils faisaient route, depuis l'Espagne, vers la Thaïlande, selon Andrew Mwangura, le responsable de la branche kényane du Programme d'assistance aux marins.

«Il a maintenant modifié sa trajectoire vers la côte nord de la Somalie. Il devrait y arriver dans la soirée», a-t-il expliqué à l'AFP, précisant que les membres d'équipage étaient Russes, Bulgares, Philippins, Polonais, Géorgiens, Indiens et Turcs.

Un second navire, yéménite, le Al-Mahmoudia 2 et ses 15 marins à bord ont également été capturés dans le golfe d'Aden, après le 18 décembre, date de leur appareillage du port d'Aden, selon le ministère de l'Intérieur yéménite.

Ces deux prises viennent quelque peu ternir le bilan des importants efforts antipiraterie déployés par la communauté internationale depuis 2008 pour sécuriser la navigation dans le golfe d'Aden, une route maritime cruciale notamment pour le transport de brut.

De fait, devant les patrouilles et escortes de convois opérées par la force antipiraterie européenne Atalante, celle de l'OTAN en passant par les flottilles dirigées par les Etats-Unis ainsi que les bâtiments de guerre russes, chinois ou indiens, les pirates ont préféré délocaliser leurs activités vers le grand large.

Profitant du retour à des conditions de navigation plus sereines avec la fin de la mousson, la nouvelle saison débutée en octobre s'est singularisée par la localisation des attaques, soit au sud-est de leurs côtes, non loin des Seychelles, ou plein Est, parfois à mi-chemin entre la façade est-africaine et l'Inde.

Une zone dont l'immensité rend quasi-illusoire un quadrillage efficace par des marines étrangères: lundi soir, les pirates ont ainsi capturé un cargo grec, le Navios Apollon, avec 19 membres d'équipage à bord au large des côtes des Seychelles.

Si les deux récentes attaques dans le golfe d'Aden comportent beaucoup plus de risques pour les pirates, ces derniers ont une nouvelle fois prouvé que les mailles du filet demeuraient toujours un peu trop grandes pour leurs petites embarcations rapides et leur capacité à aborder des navires vulnérables en moins de 20 minutes.

En marge de ces nouvelles prises, les pirates ont relâché un porte-conteneurs singapourien, le Kota Wajar, capturé le 15 octobre avec ses 21 marins à environ 300 milles nautiques (540 km) au nord des Seychelles, alors qu'il faisait route vers le port kenyan de Mombasa (sud-est).

Le Kota Wajar a été pris en charge par un bâtiment de guerre canadien, le HMCS Fredericton, qui fournit une assistance médicale à l'équipage, a indiqué lundi Atalante.

C'est à bord de ce navire que les pirates ayant capturé le 22 octobre un couple de plaisanciers britanniques, Paul et Rachel Chandler, avaient embarqué les deux retraités depuis leur voilier, à proximité des côtes somaliennes.

Un bâtiment de guerre britannique avait assisté à la scène et récupéré le voilier qui a depuis été convoyé en Angleterre.

Les deux otages ont depuis été déplacés à terre par leurs ravisseurs.