La police soudanaise est intervenue lundi pour empêcher un rassemblement à Omdurman, près de Khartoum, en faveur de réformes démocratiques, en tirant du gaz lacrymogène et en utilisant des canons à eau, selon un journaliste de l'AFP.

Au moins 38 manifestants on été interpellés, dont Mariam Mahdi, la fille du chef du parti de l'opposition Oumma, Sadek al-Mahdi, a indiqué à l'AFP un dirigeant de cette formation, Mohammed Zaki. Toutefois, d'après le journaliste de l'AFP, toutes ces personnes avaient été libérées en soirée. Plusieurs partisans du Mouvement de libération du Soudan (SPLM, ex-rébellion sudiste), brandissant des drapeaux de la formation, ont en outre été frappés par la police au moment où ils tentaient de rallier la manifestation.

Vingt et un groupes de l'opposition, parmi lesquels le SPLM et le parti Oumma, avaient appelé à manifester lundi pour réclamer davantage de réformes démocratiques.

En prévision de ce rassemblement, les autorités avaient renforcé la sécurité dans les rues de la capitale. Les accès au Parlement, point de ralliement à Omdurman, avaient été bouclés dès la matinée, selon le journaliste de l'AFP.

Dimanche, le régime soudanais et l'ancienne rébellion sudiste sont parvenus à un accord sur l'introduction de réformes dans l'optique des élections d'avril 2010, premier scrutin libre depuis 1986, et du référendum sur l'indépendance du Sud prévu en janvier 2011.

Ce compromis doit permettre d'apaiser les tensions qui menacent l'accord ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies d'une guerre civile entre le nord et le sud du Soudan, à l'origine de deux millions de morts.

Le Soudan, plus grand pays d'Afrique fort de 39 millions d'habitants dont près de 20 millions d'électeurs potentiels, est dirigé depuis 1989 par le président Omar el-Béchir. Il n'a pas connu d'élections libres depuis 1986.

Le 7 décembre, des locaux du parti du président Béchir au Sud-Soudan ont été incendiés après l'arrestation pendant quelques heures de dirigeants sudistes qui devaient participer à une manifestation jugée «illégale» par les autorités.

L'émissaire américain pour le Soudan, Scott Gration, est arrivé dimanche au Soudan avec l'objectif de contribuer à apaiser les tensions entre les parties.

Il doit s'entretenir avec les principaux dirigeants soudanais, dont le dirigeant sudiste Salva Kiir, également premier vice-président.

Washington a annoncé en octobre une diplomatie plus active envers le régime soudanais, renforçant à la fois les incitations et la menace de sanctions.