Après une hausse phénoménale, les actes de piraterie au large de la Corne de l'Afrique sont tombés à leur plus bas niveau cet été du fait de la mousson, peu propice aux sorties en mer. Mais les pirates somaliens se préparent activement à de nouvelles attaques pour la fin août.

Avec la fuite récente de deux bateaux de pêche égyptiens et les libérations d'un porte-containeurs allemand et d'un remorqueur italien, les pirates ne détiennent plus actuellement que six navires et environ 120 marins, soit leur nombre de prises le plus bas depuis août 2008. Fin avril, au plus fort de leurs attaques, les pirates retenaient jusqu'à une vingtaine de bateaux. Selon l'ONG Ecoterra International, 151 navires ont été pris d'assaut depuis début 2009, dont 47 ont été capturés.

Les rançons payées en 2008 ont atteint environ 40 millions de dollars, une somme relativement modeste au regard de la valeur des navires et de leurs cargaisons, sur l'une des principales routes du commerce maritime mondial.

Marqué par des assauts spectaculaires, le phénomène a provoqué la mobilisation de la communauté internationale. Des navires de guerre américains, européens, russes ou chinois font aujourd'hui des ronds dans l'eau au large des côtes somaliennes pour sécuriser le trafic maritime et arrêter les pirates.

«Les conditions météorologiques sont la principale raison» de la baisse temporaire des attaques, analyse cependant Hans Tino Hansen, directeur du cabinet de consultants Risk Intelligence.

«Une autre raison, de moindre importance, ce sont les succès enregistrés par les différentes marines de guerre» dans le golfe d'Aden, explique à l'AFP M. Hansen.

Pour Ismail Haji Noor, en charge de la lutte anti-piraterie au sein du très affaibli gouvernement de transition somalien, les mesures prises pour lutter contre le phénomène, notamment l'implication des leaders communautaires et religieux, ont également donné des résultats et la popularité des flibustiers est en baisse.

«Les habitants de la côte commencent à se rendre compte qu'ils ne sont pas des héros, qu'ils n'ont qu'apporté inflation, prostitution et alcool», affirme-t-il.

Des dissensions sont en outre apparues entre les pirates.

«Il y a aujourd'hui des rivalités claniques» entre les cinq ou six principaux groupes de pirates et «je pense qu'ils seront moins unis que par le passé», juge également M. Noor.

Pour autant, la marine américaine a d'ores et déjà mis en garde contre une probable recrudescence des actes de piraterie dès les prochaines semaines, avec la fin de la mousson.

Les pirates eux-mêmes, après en avoir profité, tels des commerçants avisés, pour négocier les rançons, prendre leurs bénéfices et investir dans de nouveaux matériels, avertissent qu'ils vont repasser à l'attaque.

«Nous voulons absolument capturer plus de navires et gagner plus d'argent. Je n'ai fait que 9000 dollars l'an dernier, j'espérais mieux», lâche Ahmed Mohamed Abdi, pirate basé dans le port d'Harardhere (centre).

Si les marines étrangères ont accru leurs patrouilles, les pirates ont aussi adapté leurs tactiques, constate le vice-ministre de la pêche du Puntland, Abdulwahed Abdi Hirsi.

«Vers le milieu du ramadan (qui débute ces prochains jours), je pense que les pirates vont reprendre la mer», prévient-il: «et je crains beaucoup d'attaques».