L'opposition appelle au boycott de l'élection présidentielle de dimanche au Congo-Brazzaville mais la confusion dans ses rangs ces derniers mois risque de lui coûter cher face au candidat de la majorité et grand favori, le sortant Denis Sassou Nguesso.

Le chef de l'Etat, aux commandes du pays de 1979 à 1992 et revenu au pouvoir par un coup d'Etat en 1997 avant d'être élu en 2002, affronte 12 adversaires mais six d'entre eux, dont le principal Mathias Dzon, appellent au boycott. M. Sassou Nguesso pourrait donc obtenir un deuxième mandat de sept ans.

L'église catholique, majoritaire parmi les chrétiens, exhorte en revanche les 3,6 millions de Congolais à se rendre aux urnes plutôt qu'à la messe dimanche. Les bureaux de vote ouvriront à 7h locales (2h HAE) et fermeront à 18h locales (13h HAE) sur l'ensemble du territoire.

Après avoir convié ses militants à ne pas s'inscrire sur les listes électorales en février, le Front des partis de l'opposition du Congo (FPOC) semble se rendre compte qu'il ne fera pas le poids au premier tour dimanche, estiment les observateurs politiques. Vendredi soir, le dernier meeting de campagne de la majorité à Brazzaville a drainé plus de 100 000 personnes, contre 4000 pour l'opposition, selon la police.

Affirmant que les conditions de transparence n'étaient pas réunies pour ce scrutin, cinq candidats FPOC ont appelé les Congolais «à rester à la maison et ne pas voter» dimanche, mais ils n'ont pas pour autant retiré leur candidature.

«Il s'agit d'un aveu d'impuissance de cette opposition divisée en plusieurs tendances et qui n'est pas arrivée à soutenir un candidat unique face à la majorité», analyse Maurice Gangoue, membre de l'association Thomas Sankara, une organisation non gouvernementale (ONG) de défense des droits de l'Homme au Congo. Il prédit même une possible victoire de M. Sassou Nguesso dès le premier tour.

En ce qui concerne la transparence du scrutin, Marie Alphonse, enseignant à l'université Marien Ngouabi de Brazzaville, n'exclut pas de «petites erreurs» dans les listes électorales mais cela ne devrait selon lui pas remettre en cause la popularité du président, qui «bénéficie du soutien d'anciens grands leaders ayant quitté l'opposition».

Denis Sassou Nguesso est effectivement soutenu par la majorité. Celle-ci comprend également le Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI) de l'ancien Premier ministre Bernard Kolélas, dont le parti contrôle les deux-tiers de Brazzaville, la capitale, et l'Union des forces démocratiques (UFD) de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Charles David Ganoa, qui contrôle le centre du pays. Le président sortant possède aussi l'appui du Rassemblement pour la démocratie et le développement (RDD) de l'ancien président Jacques Joachim Yhomby Opango, également un transfuge de l'opposition.

Face à cette machine de guerre, l'opposition semble mal partie pour aligner plus d'une dizaine de candidats dimanche. Elle compte sur le vote des militants de l'Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS) de l'ancien président Pascal Lissouba, actuellement en exil en France. Mais l'UPADS est éclatée en quatre tendances, dont deux ont officiellement appelé à voter Sassou Nguesso. Quant à Mathias Dzon, ancien ministre des Finances de M. Sassou Nguesso, il n'est pas populaire dans sa propre ville natale de Gamboma, largement acquise au président.

En France, Denis Sassou Nguesso est l'un des trois chefs d'Etat africains visés par une plainte pour corruption concernant les conditions d'acquisition de leur patrimoine français. Les deux autres mis en cause dans «l'affaire des biens mal acquis» sont le Gabonais Omar Bongo, mort le 8 juin dernier à l'âge de 73 ans, et le président de la Guinée-Equatoriale Théodore Obiang.